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par one minute in the dream world le 17 novembre 2009
Fort d’un album de belle tenue, ce The Eternal marquant un retour à des sonorités plus noisy, Sonic Youth nous faisait donc l’honneur de sa présence, au Palais des Congrès, en ce mois d’octobre. Il y était précédé comme il y a un moment déja, des bruitistes français de Sister Iodine, que je n’ai pu voir, à mon grand regret, suite à un départ trop tardif. Après un concert déjà exceptionnel en décembre 2006, bien qu’un peu trop "poli", on attendait de la formation de Thurston Moore qu’elle entérine sur les planches ce mordant retrouvé, suite donc au dernier opus et à la tournée au cours de laquelle ils enflammèrent, entre autres, le Pukkelpop en jouant avec fougue leur désormais légendaire Daydream Nation.
Eh bien cette fois, la satisfaction fut complète, énorme et totale, le groupe jouant avec force larsens et distorsions, et accentuant le côté noisy de ses dernières composition en date (The Eternal fut d’ailleurs joué dans sa quasi-intégralité, seul Thunderclap For Bobby Pin se voyant écarté de la prestation rageuse offerte ce soir-là). Et c’est donc avec un titre de cet opus, No Way, joué vite et sans fioritures, que Kim, un peu moins présente que lors du Zénith de 2006, et ses acolytes entamaient leur set, mettant d’emblée dans leur poche un public aux anges. Puis Sacred Trickster, arrivant en seconde position, mettait Sonic Youth sur les bons rails, ceux d’un rock ans fioritures, laissant la part belle au bruitisme maitrisé de Lee and Co, tout en confirmant l’orientation ouvertement noisy du set.
Il est d’ailleurs à remarquer qu’outre les morceaux du dernier album, nous eûmes droit à des titres issus d’albums comme Sister (Stereo Sanctity, hallucinant de puissance, aux soubresauts instrumentaux énormes), EVOL (Tom Violence, superbe surprise nous ramenant à l’ambiance narrative du early Sonic), ou encore Bad Moon Rising (un Death Valley ’69 d’anthologie, auquel seule...Lydia Lunch aurait pu apporter un petit quelque chose, et qui mit fin à ce concert dans un déluge noisy incoercible), ou encore...Daydream Nation bien sur, à commencer par un Silver Rocket trépidant, aux relents hardcore, pour tomber, un peu plus loin, sur un Cross The Breeze de même teneur : sauvage, joué de façon compacte, avec un allant et une cohésion dont Sonic Youth possède la recette et le secret. Sans oublier ce Shadow Of A Doubt tiré de EVOL, tout comme Tom Violence, intense, titanesque et zébré de boursouflures noisy du meilleur effet, que je considère pour ma part comme l’un des nombreux temps forts de ce set mémorable.
Autour de cela, parmi les morceaux consacrés à The Eternal, Massage The History, Thurston y allant de sa rengaine acoustique, juché sur un tabouret, produisit un effet exceptionnel, entre délicatesse pop et embardées noisy sur fond de batterie assénée, le sieur Shelley, royal, véritable colonne vertébrale du quintet, se montrant tout simplement impérial derrière les futs.
C’est d’ailleurs l’alchimie du groupe tout entier qu’il convient de relever, celle-ci lui permettant, ceci même au plus fort de ses expérimentations, de ses envolées basées sur les assauts guitaristiques de Lee et Thurston, de retomber immanquablement sur ses pieds. Cette complicité vaut d’ailleurs aussi pour Mark et Steve, magistraux sur un What We Know qui nous montre à quel point Mister Ranaldo convainc au chant. Et quelles que soient les associations faites au sein du groupe, cela fonctionne à merveille. Pas un seul raté, pas un seul temps mort, et des réussites exceptionnelles, comme Leaky Lifeboat ou Anti-Orgasm sur lequel Kim et Thurston, après une intro merveilleusement déglinguée, apportent la preuve non-seulement de cette pertinence de groupe, mais aussi de l’intérêt engendré par leur dualité vocale, ou encore Malibu Gas Station, fait de cette pop évoquant Rather Ripped, avant dernier opus en date des Américains, et ce Walking Blue apaisé succédant à un Calming The Snake à la fois massif et aérien par le biais des "ohohoh" de Madame Gordon. On profite pleinement, béats de bonheur et d’admiration, de ces fulgurances noisy, celle liée à ce titre n’étant d’ailleurs pas des moindres, et on en vient à regretter qu’en dépit d’un set de haute volée, Sonic Youth n’ait pas poussé le bouchon jusqu’à élargir le panel de ses titres aux morceaux issus, par exemple, de Goo ou Experimental Jet-Set, Trash And No Star. Mais il ne s’agit là que de faire la fine bouche et pour combler leur auditoire et ses désirs initiaux, les quinquas amoureux d’art et de notre pays seraient dans l’obligation de jouer l’intégralité de leur répertoire.
Et quoiqu’il en soit, cette prestation de tout premier ordre, remontée, consacrée comme il a été dit aux penchants noisy des protégés de l’écurie Matador, comble de bonheur le public parisien tout en nous faisant oublier l’inadaptation de la salle à un tel évènement, et assied définitivement, si besoin état, le statut de maître es rock expérimental de Moore et sa bande. Superbe, sans nul doute l’un des concerts de cette année 2009.
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