Pochettes
Wildweed

Wildweed

Jeffrey Lee Pierce

par Oh ! Deborah le 24 mai 2011

Paru en 1985 (Tripple X)

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Wildweed est le premier album solo de Jeffrey Lee Pierce. Nous le retrouvons donc seul, avec pour unique compagnie au milieu de ce désert, un fusil.

Un désert qui n’en est pas un, cette superbe photo ayant été prise par un certain « Icon », sur la côte-sud anglaise, non loin de la Manche. Jeffrey était allé enregistrer Wildweed à Londres, et c’est las bas qu’il vivra à la fin de sa vie, avant de retourner chez son père peu de temps avant sa mort.

N’ayant ni le temps ni les moyens de se rendre au Kansas ou au Texas pour faire des photos, Jeffrey décida d’imiter l’atmosphère qu’il voulait rendre, en Grande Bretagne. Il avait voulu créer un album beaucoup plus urbain que ceux du Gun Club et affirmait préférer l’accueil et les mentalités des grandes villes européennes. Pourtant cette photo, comme les textes que Jeffrey écrira tout au long de sa vie, évoquent les mythes américains mêlés à la réalité rurale, les paysages sudistes qui le hantent constamment, qui trahissent les racines incrustées pour toujours en lui. Inspiré par William Least Heat-Moon ou Kerouac mais aussi par Bob Dylan, Jeffrey dépeint très souvent son enfance passée au Texas et les voyages qu’il a entrepris dès son adolescence. Alors même si la production de Wildweed et ses solos à la new-yorkaise (influencés par Richard Lloyd) sont, au même titre que The Las Vegas Story plus propres, pop et plus urbains que les deux premiers albums, l’œuvre comporte encore quelques consonances country (notamment Hey Juana).

Cette photo dénote la solitude sereine et pensive qui le pénètre face à un monde auquel il faut se mesurer, armé. Il le dira à la fin d’une interview donnée pour un magazine suédois à l’occasion de la promotion de Wildweed en 1985 : « Je poursuis ma route. Prêt à défier le monde entier ». Même si cette phrase est décontextualisée, elle peut rendre compte de cette image où Jeffrey apparaît à la fois spontanément héroïque et détaché de tout ce qui l’entoure. Quelqu’un au vécu qui l’aurait blindé. Jeffrey vagabonde alors depuis trop longtemps.

Son visage est ici abstrait et son regard méditatif, projeté loin devant lui, loin de l’objectif. L’aspect apaisé de l’image contraste avec le port de son arme imposante, comme si, irréversiblement, la supposée violence était la dernière trace humaine de ce vide environnant, peut-être sous tension. Le ciel vierge et la terre beige vaguement dessinée tranche avec sa silhouette noire dressée au premier plan, rendue imperméable, noble, et fascinante.

Seul, sur ce paysage venté, blafard, et malgré quelques wild weeds, peu fertile pour quelqu’un qui demande avec aplomb lors d’un monologue au cœur de l’album « Where is the fertility Goddess ? », le personnage n’a donc pas l’air de vouloir utiliser son arme. Elle n’est là que pour finaliser son allure, symboliser de manière naturelle sa chasse aux mauvaises ondes, son initiative tranquille, parce qu’il faut bien, combattre. Derrière la pochette, un hangar abandonné couleur-terre cache l’horizon pourtant déjà imperceptible.

Jeffrey apparaît dans son élément. Sa vulnérabilité n’est plus, seul son chant en sera couvert.

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