Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Aurélien Noyer le 16 juin 2009
Vendredi 12 juin, à Paris, un nabot hideux de 54 ans a fait un strip-tease devant 76 000 personnes. Mais il suffit de préciser que cet exhibitionniste se prénomme Angus Young et a entendu son nom scandé par un stade entier pour que cette phrase prenne un tout autre sens. Car les fans auront immédiatement fait le lien avec l’immuable strip-tease du plus vieil écolier du monde sur The Jack. De même qu’ils ne seront pas surpris si je parle d’une poupée gonflable géante ou une batterie de canons.
De toute façon, je ne pense pas qu’il y ait eu une seule personne dans le Stade de France qui ait ressenti la moindre once de surprise durant tout le concert. Un concert d’AC/DC est une cérémonie liturgique dont le déroulement est rigoureusement codifié et si le groupe soigne depuis le début de la tournée son entrée, juché sur une locomotive défonçant l’arrière de la scène, le reste du spectacle correspond à ce que l’on pouvait attendre du show des Australiens.
Néanmoins, pour convenus que soient les artifices et le jeu de scène du groupe (le duck-walk d’Angus Young, le bérêt de Brian Johnson), il n’en demeure pas moins qu’un concert d’AC/DC est une grand messe fascinante dont l’eucharistie voit la transsubstantiation de deux ploucs en show-men ultra-charismatiques. Certes, le support efficace d’une section rythmique peut jouer en leur faveur, mais il faut se rendre compte que les seuls déplacements de Malcolm Young et Cliff Williams (respectivement guitariste rythmique et bassiste) consistent à avancer de temps en temps de cinq mètres pour pousser quelques choeurs dans un micro et que le batteur Phil Rudd ressemble à un prof de batterie, frappant juste mais sans jamais montrer le moindre entrain. Reste donc à Angus et Brian le soin de gérer les 76 000 fans amassés devant eux. Et bien qu’ils fussent en terrain conquis, le résultat n’en est pas moins fascinant, presque sur-réel.
Et même le pire des cyniques se retrouve impuissant devant l’énigme AC/DC. Objectivement, on serait en droit d’être déçu par le concert. La set-list était d’une banalité affligeante mélangeant meilleurs titres du dernier album et classiques ultra-connus sans jamais s’aventurer sur la piste de chansons plus rares. La durée était réduite au minimum, avec notamment un rappel Highway To Hell/For Whose About To Rock au tarif syndical. Tout ceci aurait normalement provoqué l’indignation légitime de l’amateur de rock, mais il n’en fut rien car il est impossible de ressortir déçu d’un concert d’AC/DC. Et chose encore plus rare, cette satisfaction n’a rien à voir avec de quelconques considérations extra-musicales.
A me lire, on pourrait croire que cette béatitude s’apparente à celle du fan incapable de porter un jugement critique, ou à celle du snob évaluant un concert plus en termes d’importance évènementielle qu’en termes de musique. Mais il n’en est rien. Ce qui fait la magie d’un concert d’AC/DC, c’est tout simplement la musique elle-même et les sensations qu’elle procure, le fait de ressentir différemment des morceaux que l’on croyait connaître par cœur. Et c’est sans doute parce que les chansons d’AC/DC sont d’une simplicité biblique qu’elles ne prennent toute leur dimension qu’en live, lorsqu’elles sonnent plus vivantes que jamais.
Que l’on soit fan d’AC/DC ou non, force est de constater qu’un concert du groupe reste un véritable évènement musical et il y a bien peu de groupes de cette envergure dont les concerts peuvent se targuer de mériter cet épithète.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |