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par one minute in the dream world le 16 février 2010
11 janvier 2010 (Chimeric Records)
Si le fait de venir de Manchester est déjà, ou presque, un gage de qualité, ceci ne garantit pas forcément l’originalité, celle-ci, primordiale, distinguant souvent un vrai bon groupe d’une formation tout juste douée dans un créneau déjà éprouvé. De plus, la hype dont on "bénéficie" incite à la méfiance, tant on sait qu’ici comme outre-Manche, les médias tendent fâcheusement à encenser la moindre clique un tant soi peu talentueuse.
C’est avec ce constant en tête que j’abordais l’écoute de ce tout premier album de Delphic, qualifié d’ailleurs par je ne sais plus quelle presse comme le "premier grand album de 2010". Et la première écoute, plate, sans véritables moments d’enthousiasme avéré, allait me faire rager contre ces scribes toujours prompts à remplir leurs colonnes d’inventions fantaisistes et inexactes.
Ayant cependant perçu quelques sonorités de bon augure, je décidai toutefois de poursuivre l’écoute et d’aller en quelque sorte "chercher" cet album, dont je restai convaincu qu’il ne se livrait ni facilement, ni trop hâtivement. Et c’est cette perspicacité qui me pousse finalement à chroniquer aujourd’hui ce disque en affirmant de façon certaine et affirmée qu’il s’agit d’un très bon album, déstabilisant dans un premier temps mais au final captivant et singulier, dégagé d’influences de taille, New order notamment.
Plus "futuriste", aussi à l’aise que la formation de Peter Hook dès lors qu’il s’agit de brasser rock, pop, électro et dance indé, Delphic livre en effet un opus qui trouve son équilibre, et une belle assise, entre ses rythmes en certaines occasions déroutants et ses climats emportés, rock ou rêveurs comme sur le début Clarion Call, le morceau introductif, qui impose ensuite des saccades rythmiques bien trouvées et juxtapose guitares et synthés avec succès. Le rythme se stabilise, sans pour autant se montrer conventionnel, sur Doubt, le groupe étalant de nouveau cette formidable aisance dans la composition. Le style est à peine définissable ; il fait appel aux genres nommés ci-dessus pour instaurer un univers particulier, prenant, et draper les superbes mélodies pop de Delphic dans une vêture inventive et novatrice. Aussi dansant que mental, aérien tout en restant intense (This Momentary et son final percutant), faisant sonner les claviers à la fois cold et funky (Red Lights), ce disque arrive aussi à tenir en haleine sur des formats longs (Acolyte) qu’il balafre de guitares rock servant d’écrin à une voix détachée et un rythme asséné. Les motifs synthétiques, jamais trop fournis, dotent les dix titres d’Acolyte de climats divers et savamment imbriqués, ou plus directs et uniformes comme sur Halcyon et sa batterie éléphantesque. Et quand les six-cordes interviennent, comme sur ce morceau, c’est toujours à propos et pour livrer de superbes parties.
La force du groupe vient aussi de ces rythmes a-normaux (Submission), des grattes acides venant en cette occasion apporter un détail décisif de plus, ou encore de ce chant délibérément mélodique, qui séduit constamment.
Après ce morceau à la coloration rock affirmée, Delphic joue une pièce un peu plus synthétique, Counterpoint, tout aussi aboutie, dont émerge une impression de légèreté et de puissance maitrisée et qui, à l’instar de certains autres morceaux, alterne les tempi et les ambiances sans jamais "planter". C’est ensuite un intermède intitulé Ephemera, un peu trop éphémère justement, dans le sens où on aurait souhaité qu’il pousse plus en avant le climat y naissant, qui nous est livré. Et pour finir, Remain, bel amalgame des tendances abordées par Delphic, met fin à un album assez magique, entre ryhmes francs, breaks bien amenés et touches organico-synthétiques essentielles.
Excellent premier disque, donc, qui par son côté dansant pourrait en rebuter quelques uns, mais qui fera le bonheur de bon nombre d’entre nous et des plus ouverts et perspicaces.
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