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par Arnold le 17 avril 2007
Sorti en 2001 (EMI).
En 2001, Pink Floyd sortait son premier best of officiel. Certes, il y avait eu quelques compilations auparavant, mais pas de véritable best of. Trente ans de carrière, cela ne se résume pas comme ça, surtout quand on s’appelle Pink Floyd. Et comme pour le commun des mortels le nom du dinosaure sacré est synonyme de « Son et Lumière », il y a une réputation à tenir. Eh oui, en trente ans chacune des pochettes éditées par le groupe est une réussite visuelle et esthétique devant lesquelles les fans tombent systématiquement en contemplation (en oubliant un peu celle The Final Cut qui est franchement aussi moche que son contenu)...
Comme toujours, Storm Thorgerson est contacté pour illustrer le fameux best of. Qui serait mieux placé que lui pour cette tâche ? Il a réalisé la grande majorité des pochettes de Pink Floyd, autrement dit : il maitrise le sujet. Il est presque le sixième homme du groupe... Les membres auront la dure tache de préparer le tracklisting, c’est donc légitimement à lui qu’incombe le soin de réaliser la pochette.
La question qu’il se pose alors est : « comment orienter ce travail ? ». Fait-on quelque chose de nouveau ou de vieillot ? Quelque chose de moderne ou de nostalgique ? Il est impossible de faire quelque chose de neuf, puisque le disque ne contient que des anciens morceaux. Mais Pink Floyd a aussi toujours eu une image de groupe moderne et à la pointe de la technologie. Il est donc impossible de tomber dans le rétro. Il va donc falloir réaliser quelque chose de neuf, en y insérant des éléments du passé.
Le graphiste et son équipe imaginent plusieurs projets qu’ils réalisent sous forme d’esquisses. Un hommage à Syd Barrett est envisagé sous la forme d’une muse allongée sur un sofa de psychiatre au milieu d’un terrain desolé et flippant (l’inconscient semble-t-il ?), mais toujours ouvert à l’inspiration... Ils pensèrent aussi à représenter l’anneau de Saturne sans sa planète, incliné, sur le point de tomber (rappellant le coté expériemental, ou space-rock de la musique probablement ?). Des propositions plutôt tordues qui ont gagné à être oubliés. D’autres projets tournaient autour de constructions land-art, ou de compositions audacieuses qui pouvaient correspondre à l’image de Pink Floyd... Une autre maquette imaginait un tas de valise, portant des étiquettes avec le nom des chansons, au milieu d’une gare, disposée de manière à former un tête. Cette idée alliant esthétisme moderne, et nostalgie plaisait beaucoup à Storm Thogerson, mais le groupe a porté son dévolu sur une autre...
Cette dernière consiste en un décor que le regard traverse par des fenêtres qui sont toutes placées dans le meme axe. En langage technique on appelle ça une " régression infinie ", le même principe que celui utilisé 30 ans plus tot pour la pochette de Ummagumma (1969). L’effet de profondeur produit par ces formes imbriquées produit une sorte d’écho, ce qui correspond parfaitement au titre choisi au best of. Il s’agit d’un écho du passé remontant avec lui son lot de souvenirs divers et variés. L’équilibre entre esthétisme moderne et nostalgie rétro est parfaitement trouvé. Le groupe valide à l’unanimité. Storm et son équipe n’ont plus qu’a se mettre à l’œuvre.
Un lieu est trouvé, une date arrêtée, les décors montés, les réglages faits... Non sans problèmes évidemment. Le lieu prévu initialement n’est pas disponible, la maison de disque fait pression, le temps bien british n’est pas toujours de la partie... Bref, de quoi donner de nouveaux cheveux blancs au graphiste attitré du Floyd... Mais tout est finalement réalisé dans les temps.
L’album contenant deux disques, le livret affiche une pochette différente de chaque coté. Ajoutez à cela l’emballage cartonné, et voilà de quoi vous perdre pendant un bon moment à retrouver chaque souvenir dissimulé aux quatres coins des tableaux. Et ils sont nombreux, chaque album est représenté... On remarque tous les personnages de la pochette de Wish You Were Here (1975) -le baigneur et l’homme en feu- ; les danseurs de la pochette de la compilation A Collection Of Great Dance Song (1981) près du lit de A Momentary Lapse Of Reason (1987) ; les totems de The Division Bell (1994) ; les prismes de Dark Side Of The Moon (1973) sur un rebord de fenêtre ; des figurines de vaches et de cochons sortent tout droit de Atom Heart Mother (1969) et Animals (1977) ; un vélo posé contre un mur rappelle la chanson Bike de Barrett (1967) ; une hache figure Careful With That Axe Eugene l’un des meilleur morceaux live du groupe (1969)... Bref la liste peut continuer encore longtemps.
Voir les quatres pochettes alternatives :
Storm Thorgerson dépasse ainsi les limites d’une simple couverture de best of pour réaliser une véritable pochette originale. Son travail est tellement réussi qu’il parvient à sauver les dégâts de positions discutables au niveau du disque lui-même. Ce dernier n’apporte rien de neuf. Les morceaux sont mélangés de manière étrange à tel point que Roger Waters heurté par cette décison déclara que Gilmour avait voulu ainsi noyer la médiocrité des morceaux les plus récents parmi les plus anciens... Si ce choix peut encore se défendre, il est impossible de comprendre les raisons qui ont pu pousser le groupe à amputer Echoes (le titre phare, qui vaut largement le best of à lui tout seul) de dix bonnes minutes. Bref. Storm Thorgerson réalise un véritable best of visuel de Pink Floyd sauvant ainsi le piètre travail réalisé par le groupe lui-même au niveau du tracklisting.
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