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par Giom le 5 octobre 2010
paru le 16 octobre 1968 (MCA Records)
L’année 1968 sera l’année de la consécration pour Jimi Hendrix. Après avoir fait l’effet d’une bombe en publiant l’année précédente deux disques à l’impact immédiat et d’envergure (Are You Experienced et Axis : Bold As Love), Hendrix publie près d’un an après l’incroyable Electric Ladyland, véritable chef-d’œuvre électrique et électrisant d’une ambition rarement atteinte dans l’histoire du rock et surtout comportant quelques titres brillantissimes qui établiront Hendrix comme un compositeur et un musicien hors pair et profondément original. Pourtant au départ, avec ce disque, ce n’est pas la musique du disque qui fait parler d’elle, mais bien autre chose : sa pochette.
Hendrix avait pourtant réfléchi de façon conséquente à un projet de pochette en rapport avec le contenu musical du disque et avait même pris la peine d’écrire à sa maison de disques pour exprimer ses souhaits. Voici ce que demandait la lettre :
« Monsieur,
Voici les dessins que nous souhaiterions voir apparaître sur la pochette du LP. De préférence sur le devant et sur l’arrière. Sans les cadres blancs autour de celles en noir et blanc. Et avec la plupart d’entre elles mises l’une à côté de l’autre et mélangées avec la couleur de fond de la pochette à différents endroits.
Merci d’utiliser la photo en couleurs de nous avec les enfants sur la statue pour les photos extérieurs de la pochette (sur le devant ou sur l’arrière) ainsi qu’une autre pour l’autre côté. Merci d’utiliser trois photos de nous de qualité pour cette pochette. En noir et blanc ou en couleur.
Nous voudrions nous excuser d’avoir mis autant de temps à vous envoyer tout cela mais nous avons travaillé très dur pour les concerts et l’enregistrement de l’album. S’il vous plait, pourriez vous trouver un endroit sur la pochette de face pour écrire : « Letter to the room full of mirrors » (...)
Merci de respecter ces consignes car tout changement serait inapproprié vis-à-vis de la musique du disque et des performances live du groupe - et la musique est ce qu’il y a de plus important. En plus, nous avons assez de problèmes personnels pour en plus avoir à nous soucier de la bonne réalisation de cette pochette.
Merci,
Jimi Hendrix » [1]
On sait depuis qu’aucune des exigences du guitariste (peu claires, il est vrai) ne fut respectée et que la maison de disque préféra « tenter » de publier une pochette qui montrait un groupe de femmes nues d’un certain David King et rappelait certains tableaux de hamans turcs peints par le Français Ingres au XIXème siècle. Certaines de ces femmes tiennent des photos d’Hendrix ou des disques de l’Experience. Il s’agit bien d’une tentative de la part de la maison de disque puisque que l’Amérique puritaine ne l’entendit pas de cette oreille et interdit, au moment de la sortie américaine du double LP, le 16 octobre 1968, l’édition de cette pochette aux femmes nues. L’album sortit donc avec la pochette que l’on connaît actuellement montrant le visage stylisé du chanteur sûrement en plein effort guitaristique (quoi que, pas sûr !)
Heureusement pour l’histoire, la vieille Europe, et surtout l’Angleterre où tout se passe au niveau du rock, a quelques jours plus tard accepté l’édition de la pochette originale. Le disque sortait donc le 25 octobre de la même année et on sait que plusieurs disquaires refusèrent de vendre ce qu’ils qualifiaient alors de « pure pornographie » ! D’autres, sûrement aussi coincés, mais refusant de perdre les bénéfices possibles représentés par la bombe musicale Hendrix, vendirent le disque dans leur boutique, mais emballé dans un épais papier marron.
On se dit alors que les temps ont bien changé mais il est quand même regrettable qu’Universal n’ait pas osé reprendre cette pochette anglaise d’origine pour l’édition CD de l’album mythique en 1997. De toute façon, Hendrix ne l’aimait pas, trouvant l’impression de la photo de mauvaise qualité. Il aurait sûrement été plus content de savoir que cette édition CD présente dans son livret la photo tant souhaitée par lui du groupe avec les enfants sur la statue.
Sinon, ultime anecdote, on trouve dans les crédits de l’édition originale de l’album une faute d’orthographe au nom du membre du Jefferson Airplane, Jack Casady (crédité Jack Cassidy), qui joue de la basse sur la fabuleuse version blues de Voodoo Child. Il est alors amusant de constater que l’édition CD de 97 reproduit la même faute d’orthographe. Depuis, une nouvelle sortie de l’album remasterisée a réparé l’erreur mais comme il s’agit d’un disque vraiment à part, autant ne pas faire les choses comme les autres.
[1] source : http://www.geocities.com/
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