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par HenriDèsMetal le 28 septembre 2011
Paru le 12 septembre 2011 (ATO/Prawn Song)
Ca y est. Ils sont revenus. Ils sont revenus, connard, t’entends ?! On n’osait plus vraiment y croire, on chérissait leurs albums un petit peu comme on caresse un enfant mort dans son lit, sous une couette d’hiver : en les aimant toujours autant puisqu’ils étaient toujours aussi beaux, aussi bons, mais en comprenant bien qu’il ne s’agissait que des beaux restes physiques d’une entité éteinte. Que c’était fini, et surtout qu’on pouvait bien crever la gueule ouverte en France, ils ne viendraient plus nous slapper dans la face.
Mais tout ça, c’était bien avant cette date à la Cigale, en juin dernier. Bien avant ce concert autiste, à la setlist salope, mais vicieusement bon. Et puis, communiqué officiel, pochette grotesque comme à la grande époque, et voilà : Primus bouge encore. Et Primus se dresse face à nous, fier, vert-pomme, et en tricycle. On ne l’a non pas entre les mains mais sur le disque dur, ce Green Naugahyde, puisque c’est comme ça qu’on fait, maintenant (coucou, Frédéric). La vie, en mieux.
Doux jésus, que cet album casse des culs !
C’est bien simple, c’est comme s’ils n’avaient jamais arrêté, comme si pendant dix ans on avait pas cru qu’on les avait perdus à jamais, disparus à l’aube des cruelles 00’s sans dire au revoir ni s’excuser pour nous laisser seuls avec le new-rock.
Contexte : c’est la crise tout le temps, c’était mieux avant, donc je craignais un album qui sonnerait trop comme du Claypool en solo, c’est à dire pas assez costaud, trop bricolo et au final anecdotique.
La réalité de me contredire de la meilleure des façons : le batteur Jay Lane défonce tout, impressionne et réussit même à faire oublier l’historique Tim Alexander (ce jeu de charleston !), et Lalonde (qui confiait en interview se languir de l’attente du retour de Primus), entre deux cachetonnades avec Serj Tankian, a vraisemblablement empilé de l’idée et de la guirlande tordue pendant des années, et semble aujourd’hui tout heureux de nous enfiler ça dans les oreilles.
Et puis, comme de bien entendu, Claypool fait le show. Mais le show à la Primus, avec ce qu’il faut de psychédélisme, de gros son et d’excentricité catchy pour en faire du Primus (pigé ?) et pas de la bidouille solo. A bientôt 50 piges, il est évident que le temps n’a aucune prise sur le bonhomme, qui se permet tout comme il y a 20 ans : déclamations, miaulements, grincements, couinements, sirènes, rap, hurlements à la mort, bref, la panoplie est complète, tout comme ses lignes de basse sont euphorisantes et inspirées.
Alors oui, il y a bien quelques titres qu’on finira par zapper au fil des écoutes : Eternal Consumption Engine, Eyes of the Squirrel, par exemple. Mais y’a surtout d’impitoyables tueries qui éclaboussent le conformisme arty indé ambiant et comblent notre hypoglycémie aigue : Hennepin Crawler, Last Salmon Man, Tragedy’s a’ Comin’, Jilly’s on Smack, Lee Van Cleef, Extinction Burst. Sweet mother of god, rien que cette dernière valait les 8 ans d’attente depuis le dernier EP !
Approche, lecteur. Réécoute donc Tragedy’s a’ Comin’ et viens me dire, droit dans les yeux, qu’il ne s’agit pas du plus beau morceau de basse que tu as entendu de l’année. Tu ne feras pas ça. Ce n’est pas très surprenant qu’il émane de Les Claypool, mais tout de même, en 2011 on n’a plus vraiment l’habitude d’entendre ça. Et puisqu’on parle de ce titre, Larry Lalonde y signe lui aussi un travail remarquable, avec un solo génial qui prouve que s’il a physiquement pris un sale coup de vieux, l’inspiration est intacte. Lee Van Cleef apporte deux choses : son titre à l’album, mais aussi ton quota de groove pour l’année. Et puis cela est valable à peu près sur chaque piste, mais le riff de basse de Extinction Burst n’est pas prêt de se déloger du recoin de ton crâne où il est venu se ventouser, malin.
Au niveau des textes, là encore Claypool nous régale de son mélange de surréalisme inexplicable et de foutages de gueule : égratignage de la télé-réalité sur Moron TV (There’s gotta be / More on TV / Than just / Moron TV), ou de la société de consommation américaine sur Eternal Consumption Engine. Ce qui ne mange pas de pain.
Au petit jeu des ressemblances et autres réminiscences, et bien que Claypool clame que cet album soit pour lui très proche de Frizzle Fry (entre autre de par le fait qu’ils aient tous les deux été composés en compagnie du batteur Jay Lane, de retour dans le groupe après une petite pause de 21 ans, donc), on constate tout de même que Jilly’s on Smack (et son épatant gimmick de guitare) aurait parfaitement pu être sur l’EP Animals Should Not Try To Act Like People, et que Tragedy’s a’ Comin’, aussi excellente soit-elle, a un thème mélodique qui rappelle furieusement Ballad Of Bodacious, sur Antipop. Mais tout cela n’est pas grave, comprenez-le. Il convient de déguster ces bijoux anachroniques sans pinailler, et en gardant à l’esprit qu’il s’en est fallu de peu pour qu’on ne les entende jamais. On est des sacrés veinards, hein.
Vos commentaires
# Le 2 octobre 2011 à 02:26, par Polar Bear En réponse à : Green Naugahyde
"On n’osait plus vraiment y croire, on chérissait leurs albums un petit peu comme on caresse un enfant mort dans son lit, sous une couette d’hiver : en les aimant toujours autant puisqu’ils étaient toujours aussi beaux, aussi bons, mais en comprenant bien qu’il ne s’agissait que des beaux restes physiques d’une entité éteinte."
Branlette de la main gauche. Mauvais gout. Nul.
# Le 3 octobre 2011 à 15:35, par HenriDèsMetal En réponse à : Green Naugahyde
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