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par Tami le 20 février 2006
L’un des plus beaux morceaux de Come On Feel The Illinoise, contrairement aux apparences, n’est pas un hommage à l’acteur américain du même nom, mais il parle d’un serial-killer qui a sévi dans l’état de l’Illinois dans les années 1970.
Pour mener à bien son ambitieux projet de réaliser un album pour chaque état des États-Unis (soit cinquante albums), Sufjan Stevens ne fait pas les choses à moitié. Pour le second épisode, Come On Feel The Illinoise, l’Américain a écrit et composé pas moins de vingt-trois morceaux. Au milieu de ces compositions folk sophistiquées, où se mêlent cuivres, cordes et percussions, se trouve une chanson nommée John Wayne Gacy, Jr. Ce morceau séduit immédiatement par sa beauté et sa simplicité, où seuls un piano et une guitare sèche accompagnent la voix du songwriter.
His father was a drinker and his mother cried in bed[...] The neighbors they adored him for his humour and his conversation
Un personnage apprécié de son entourage, dont le père était alcoolique et la mère dépressive... Telle aurait pu être l’histoire du comédien John Wayne. Mais avec la gravité avec laquelle chante Sufjan Stevens au fur et à mesure que le morceau s’écoule, on comprend qu’il ne peut s’agir du célèbre cow-boy d’Hollywood. John Wayne Gacy, Jr est né le 17 mars 1942 et fut comdamné à mort le 13 mars 1980. C’était un homme d’affaires respectable et un citoyen exemplaire qui rendait même visite aux enfants malades dans les hôpitaux à ses heures perdues.
Look underneath the house there/Find the few living things/Rotting fast in their sleep of the dead
Aussi exemplaire qu’il puisse paraître, un homme peut néanmoins cacher de lourds secrets, enfants illégitimes ou maîtresse. Mais ceux de Gacy sont tout autres et bien plus atroces que de simples problèmes familiaux. Son histoire est celle d’un homme qui a cédé à des pulsions sexuelles les plus sombres. Les traces de jeunes hommes disparus dans l’état de l’Illinois de 1972 à 1978 menaient à sa propriété. Des corps inanimés étaient cachés sous les planchers de sa demeure... Dans ce premier couplet, Sufjan Stevens évoque les agissements de Gacy de façon assez évasive. Sa voix est mélancolique mais il arrive à retenir ses émotions, jusqu’à ce qu’il parle des victimes...
Twenty seven people, even more, they were boy with their cars, summer jobsOh my God...
La voix du chanteur commence à trembler. Ces quelques phrases sont aussi douloureuses à chanter pour lui qu’à entendre pour nous.
He dressed up like a clown for them, with his face paint white and red[...] In a dark room on the bed he kissed them all
Le calvaire continue pour Stevens. Les paroles commencent à rentrer dans des détails un peu plus sordides. L’image du clown vient du fait que Gacy se déguisait ainsi en rendant visite aux enfants hospitalisés...
He’d kill ten thousand people
Il n’y avait pas dix mille personnes tuées, torturées ou violées par Gacy mais à partir de cette image un peu folle, le chant de Stevens va commencer à s’accélérer avec la description détaillée des actes et le chanteur finit péniblement le second couplet.
With a sleight of his hand/Running far, running fast to the dead/He took off all their clothes for them/He put a cloth on their lips/Quiet hands, quiet kiss/On the mouth
Il ne faut pas voir dans ce morceau une quelconque fascination pour John Wayne Gacy, Jr... Mais plus un hommage à ceux qui ont péri sous la main de Gacy. La musique aurait pu être plus violente à l’image de la tragédie mais Sufjan Stevens a choisi de composer un morceau sobre avec des paroles sans ambiguïté. John Wayne Gacy, Jr est une chanson douloureuse et perturbante. Elle porte le titre d’un être plus que détestable et relate des faits abominables mais avec la beauté avec laquelle chante Stevens, on ne peut s’empêcher de l’écouter en boucle... Le morceau se termine par un long soupir de l’Américain et cela se comprend aisément.
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