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par Milner le 10 février 2009
publié le 5 novembre 1991 (Creation Records / Sony Music)
La plupart du temps, quand la réalisation d’un film ou d’un album démarre très mal, on applique la même sentence qu’en politique : on continue le boulot mais on change de personnel. C’est ce qui s’est produit au septième art avec Ciao Manhattan de 1976 (film warholien retraçant la vie et la carrière du mannequin Edie Sedwick qui, après s’être longtemps fait coucher sur papier glacé, se couchera un jour définitivement avec une overdose de neige) commencé par Chuck Wein mais terminé par deux lascars (John Palmer et David Weissman) ou encore récemment en musique avec le dernier Oasis où le poste derrière la console a fait l’objet d’un tournez-manège des plus étranges (Death In Vegas, Noel Gallagher puis Dave Sardy). Dans ces deux cas, l’honneur était sauf, tant pour les concepteurs que pour les banquiers.
Mais un groupe eut quand même le culot de faire poireauter son monde, retranché pendant deux ans en studio sans donner signe de vie, pour accoucher finalement d’un album carrément inaudible de nos jours qui ruina pratiquement son label (frais d’enregistrement estimés à environ 300 000 €). Si leur album précédent Isn’t Anything était juste assez bon pour inspirer une scène entière de clones de My Bloody Valentine (le mouvement shoegazer), il n’est rien comparé à Loveless. Plan de travail sonique, certains titres comme Loomer, What You Want et To Here Knows When contiennent des arrangements qui croulent tellement sous l’opulence que la rythmique se met à faillir. Une atmosphère dépressive s’empare de l’album, les voix de Kevin Shields et Belinda Butcher se fondant parfaitement avec les trouvailles sonores si bien qu’on a l’impression que Loveless suggèrerait plus la sensualité et la sexualité qu’il ne l’expliciterait.
Bien sûr, au-delà de ces aspects techniques, signalons que tous ces morceaux auraient pu devenir de grands tubes tant les mélodies sont présentes si un génie tendance directeur-de-station-de-radio-pour-ados-prépubères s’était emparé des bandes pour effacer les attaques de fuzz, reverb et larsen. Un travail d’une vie gâché par un joyeux luron, n’y pensons pas ! Jamais l’approche d’un groupe n’a été aussi remarquable et respectable que My Bloody Valentine sur Loveless, ses climats à la Eno sur le titre Touched ou bien les guitares qui rugissent sur une rythmique dance lors du sommet du disque (Soon) achèvent le groupe, désormais incapable de se réinventer. Par contre, bon nombre de guitaristes tel Graham Coxon de Blur effleureront l’approche noisy pop du guitariste Shields en n’évitant pas de se répandre sur l’influence de ce Loveless testamentaire, car, ne cherchez pas, My Bloody Valentine n’a plus rien publié depuis quinze ans !
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