Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Fino le 23 octobre 2007
paru en juillet 2007 (Capitol Records)
Le style eighties trois-pièces toujours porté de façon ultra classe, la voix profonde et troublante faisant toujours mouche en un début de phrase et trois mots lâchés lentement, Interpol a enfin répondu à bien des appels en produisant un troisième LP. Bon sang, près de trois ans déjà qu’ils avaient enfilé le costume Antics, fraîchement repassé, pour la première fois. Que le temps passe… et ne laisse absolument aucune ride ou particule poussiéreuse sur le son ultra pure de Paul Banks et de son groupe new-yorkais. Si la musique d’Interpol était un trip visuel, elle serait composée de textures aux courbures parfaitement lisses et aux reflets argentés. On pourrait se regarder dedans pour ajuster le pli de sa veste. L’opposé complet de cette immonde pochette.
Our Love To Admire est donc la troisième étape du voyage du quatuor en déjà cinq ans, peu différentes des premières mais on ne s’en plaindra même pas. Oui, si on n’avait écouté autant les premiers albums on aurait juré que certaines pistes du petit dernier avaient déjà été pressées. Mais Interpol ne sont pas les adolescents des Arctic Monkeys, Bloc Party ou Strokes. Pas de passage à l’âge mûr pour ceux qui baignent depuis le début dans une musique adulte, intemporellement adulte. Ils pourront toujours la jouer la soixantaine tremblante, personne pour faire remarquer que les tempes grisonnantes accompagnent mal My Generation.
L’album n’est en rien original, ni comparé aux deux précédents, ni par rapport aux illustres influences (Smiths et autres n’ont pas besoin de se reformer, bonne nouvelle pour tout le monde). Il est tout simplement beau, et coule avec une fluidité remarquable, on ne sait que dire de la voix de Banks, qui parvient à la fois à être saccadé et en apesanteur sans la moindre rupture.
Aucuns tubes, ou plutôt aucuns titres qui ne puissent en être un. Comme toujours, le plus dur serait d’en choisir un dans une masse homogène à en donner des étourdissements. Parfois la qualité d’une chanson se joue dans une phrase comme "The soul can wait". Le son des Américains est calmement tapageur pour abuser de l’oxymore. On sent que ça s’énerve, mais la colère reste canalisée sans le moindre accroc. Il serait abusif de dire qu’Interpol n’ont rien fait d’inattendu : ils ont apporté au rock du troisième millénaire la classe qui l’avait quitté dans les années 1990. Sans la moindre faute de goût, et sans perdre une once d’énergie.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |