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mercredi 15 avril 2015
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par Frédéric Rieunier le 22 juillet 2008
paru le 25 mars 1999 (Virgin)
Il est certains groupes qui savent allier la puissance destructrice du lance-flamme à la douceur extatique de la brise printanière. Qui savent entraîner l’auditeur dans les plus obscurs bas-fonds avant de le projeter vers les plus hauts cieux. Sur Post Orgasmic Chill (frisson post-orgastique - "orgasmique" n’existant pas en français), Skunk Anansie est assurément de ces prodiges. Ce troisième album (donc forcément celui de la "maturité") est aussi malheureusement leur dernier, puisque la formation s’est séparée en 2001, deux ans après sa sortie. Elle y réalise un de ces disques où rien n’est à jeter, où le subtil équilibre entre titres tempétueux et chansons plus décontractées est assuré avec une maestria qui frise l’insolence. Un jonglage d’autant plus ardu que Skunk Anansie y met quelques lourdes torches enflammées.
Les premières notes de l’album peuvent vaguement faire croire à du trip-hop, puis à de la jungle. Qu’on ne s’y trompe pas : c’est bien de rock qu’il s’agit. Les premiers assauts de guitares qui suivent sur Charlie Big Potato ne laissent d’ailleurs pas place au doute, bien que le combo assume une large palette d’influences, allant du hip-hop au dub en passant par la world music et le reggae. Le funky On My Hotel TV ne dément pas et fait savamment monter la mayonnaise avant l’explosion libératrice que produit chacun de ses refrains.
Ces deux tempêtes introductive passées, le rythme se calme quelque peu avec We Don’t Need Who You Think You Are. Dont certaines parties restent - malgré tout - très musclées, notamment lorsque s’embrase la voix de Skin sur la phrase éponyme de la chanson. Le ralentissement est plus net avec Tracy’s Law, évoquant le pernicieux retour d’une femme vers son amante après leur séparation et le mal qu’elle continuera à lui faire malgré sa prétendue détermination à changer. La plage suivante, Skank Heads, tranche et signe un retour à un énergique rock’n’roll. Mais il s’agit plutôt d’une brève parenthèse que d’une radicale réorientation. La trilogie qui vient ensuite - Lately, Secretly (dont le célèbre violon d’introduction n’est pas sans évoquer Sex Intention pour la bande originale duquel il a été choisi) et Good Things Don’t Always Come to You - ne trouve d’égale à sa finesse que la justesse avec laquelle elle est exécutée. Une sorte de playlist idéale pour faire monter la fièvre avant de se laisser consumer par le désir...
Ces préliminaires passés, la neuvième piste de l’album rentre dans le vif du sujet. Ne vous laissez pas abuser par les première mesures enjôleuses de Cheap Honesty. Passé le couplet, la tension monte progressivement pour s’achever dans un jaillissement de plaisir, provoqué par l’épaisse combinaison sonore que forment basse et guitare et les hurlements mâtinés de plaintes que pousse Skin dans une jouissance presque violente. Un titre dont on sort haletant, en ayant du mal à comprendre qu’il n’ait pas été choisi comme single.
Les pulsations cardiaques s’espacent au cours de You’ll Follow Me Down, douce ballade dont la mélodie berçante permet de se remettre de ses émotions. Et de se préparer à la cadence infernale du morceau suivant. Avec les refrains de And This Is Nothing That I Thought I Had, Skin exprime une rage des plus animales, uniquement tempérée par des couplets où son souffle se fait saccadé et son timbre charnel. Ce dernier balancement énergique passé, le disque se clôt sur I’m not Afraid. Une chanson en forme de caresse sur le menton du revers de la main. Le geste console un peu de la mélancolie post-coïtale que l’on ressent à voir s’achever un disque qu’on eût souhaité éternel...
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