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mercredi 15 avril 2015
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par HenriDèsMetal le 1er novembre 2011
paru le 20 mai 2011 (Exile on Mainstream Records)
Faisons les choses dans l’ordre et, lecteur, laisse-moi te présenter les lascars qui vont nous intéresser pour les délicieuses minutes à venir : End Of Level Boss est un groupe britannique tout à fait confidentiel, fondé sur les cendres du groupe de stoner londonien Hangnail et pratiquant depuis une petite dizaine d’années une musique légèrement anachronique, tambouille de moultes tentations heavy, que le groupe définit lui-même comme "Kyuss meets King Crimson".
Concrètement, cela sonne surtout très rock 90’s, avec en particulier un chant rappelant furieusement Chris Cornell et Layne Staley - pas exactement les pires références possibles, pas non plus ce qu’il y a de plus tendance -, mais en allongeant la sauce par des influences stoner, doom, et prog’ tout à fait délectables. Et c’est bien là où le groupe se démarque des bennes entières de groupes US arriérés plongeant leur grunge dans le cream cheese radiophonique : End Of Level Boss laisse ses guitares partir dans tous les sens (c’est dégueulasse), mais on sent surtout un énorme travail de jam et de composition derrière, amenant les titres à maturation via des rythmiques complexes mais des riffs restant techniquement relativement simples. Et en cela, savez-vous qui ils me rappellent ? Tool, rien de moins - des volets se ferment, des rues se vident, le vent se lève, des chiens aboient derrière des grilles, des bottes de foin roulent dans la poussière, un cowboy me défie en duel.
J’assume : Tool.
Il faut le dire : cet album est tellement bon qu’il me ferait douter de la théorie du c’était mieux avant, le bougre, puisqu’il égale sans problème les deux premiers skeuds du groupe - soit Prologue (2005) et Inside The Difference Engine (2007). A la limite, je lui ferais un seul reproche : sa densité est telle qu’il peut être un peu épuisant au début. Allez, un deuxième reproche : son titre un peu con, un peu facile. Pour l’évolution, disons qu’il y a moins de ralentissements et de tentations doom que sur les deux premiers albums, on s’en prend plein la gueule rythmiquement du début à la fin, ET ON EN REDEMANDE. Senescence et Blueshift, tout de même, viennent me contredire, avec leurs grooves de coquins qui s’installent insidieusement en leur milieu. This Is Not The Way It Was, Mouth Of Hats, Thud ou If Not All sont toutes ahurissantes de puissance et d’inventivité rythmique. Les chansons se font moins évidentes que sur le deuxième album, mais encore plus chargées en notes, en riffs, en breaks, en idées. Oui, lecteur féru de belles mécaniques musicales : tu vas prendre ton pied.
Le travail du batteur est fantastique (ces variations sur Red Grey Eye !), le son de guitare n’a lui pas bougé d’un poil depuis le début du groupe mais les riffs restent excellents, toujours directement identifiables - ce qui devient rare, soit dit en passant, les guitaristes qu’on reconnaît immédiatement, au moindre petit téton de riff (label c’était mieux avant, indeed) - et le tout sans shreds, sans démonstration technique. Servir la chanson, voilà l’objectif qu’on devine atteint au terme de nombreuses heures de travail. Le chant est au diapason, excellent de bout en bout, avec même des arrachages impressionnants sur This Is Not The Way It Was, où le dénommé Harry Armstrong est clairement au taquet, les cordes vocales tendues comme les mollets présidentiels à proximité d’individus de grande taille.
La mélodie des deux derniers titres sont un peu moins marquantes, mais le travail instrumental est encore sidérant. Le batteur ne fait pas que développer ses patterns rythmiques, il se retrouve souvent aux avants-postes des compositions, au gré de ses chassés-croisés avec les 6 cordes. Un délice, il est important que tu comprennes ça, lecteur perplexe.
En fait, ces gens sont à la fois tellement bons et tellement inconnus que leur ratio talent/reconnaissance fait froid dans le dos. Problème : qui veut entendre en 2011 ce mix de heavy-grunge école Soungarden/Alice In Chains, de math-rock, et de stoner à la sauce progressive ? Au mieux on les trouvera trop bizarres ou trop violents, au pire on les trouvera ploucs, avec leur non-look (ils sont vraiment très laids, encore plus depuis que leur très jolie bassiste s’est barrée), leur absence de moustache et ce chant so 90’s.
Il est donc clair que ce groupe est né et arrivé au sommet de son art au moins 10 ans trop tard, mais si cet album pouvait leur valoir un minimum de reconnaissance critique, ce serait vraiment, mais vraiment pas volé. Votre serviteur, pas tire-au-flanc pour un sou, y va donc de sa bien modeste contribution.
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