Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Frédéric Rieunier le 9 décembre 2008
paru le 20 octobre 2008 (Universal)
Les deux premiers opus de Kaiser Chiefs se sont vendus par millions. Un groupe qui fait recette, donc. Justement, de recette, parlons-en ! Après ces deux premiers disques au large succès - loin d’être immérité, disons-le, puisque chacun compte son lot de petites trouvailles entraînantes et entêtantes - quel plat nous ont donc concocté ces freluquets d’Outre-Manche ? Un fish & chips gras et efficace ? Une jelly fondante et sucrée ? Un Christmas pudding ? Curieusement, on pourrait dire un peu des trois...
Alors que la formation avait mitonné Employment et Yours Truly, Angry Mob sous la direction de Stephen Street (qui a tout de même travaillé avec Blur et The Smiths), elle a choisi d’opter ici pour un nouveau maître queux, en la personne de Mark Ronson. Un brave garçon qui s’est illustré en produisant des « artistes » comme Robbie Williams, Christiana Aguilera, Maroon 5, mais aussi Amy Winehouse. Une certaine expérience en matière de casseroles et d’allume-gaz... qui n’empêche pas de s’attabler en ayant quelques doutes sur le menu, même si le chef a annoncé qu’il ressemblerait à celui servi la première fois par le quintette.
La première bouchée confirme d’ailleurs ces incertitudes et donne l’impression que la cantine n’est plus tout à fait la même. Avec des basses et une batterie trop mises en avant, Spanish Metal est à déconseiller pour les lendemains de cuite et demandera plus d’une écoute avant d’être assimilée par l’organisme et de procurer quelque plaisir (mesuré). Dans la même catégorie, Never Miss a Beat surpasse la précédente et vient littéralement culbuter les méninges à coup de caisse claire mal sentie. On s’étonne. Pourquoi l’avoir sélectionnée comme single ? Peut-être la prose de cette chanson a-t-elle été si travaillée que la force des mots dépasse la faiblesse des notes ? Un coup d’œil au livret suffit à comprendre que non. Ces paroles ineptes sur l’aquoibonisme des teens ne cherchent visiblement pas à rivaliser avec du Leonard Cohen. Pourtant, et c’est bien triste, le groupe semble satisfait du titre. Suffisamment en tout cas pour en parler comme de « la chanson phare de l’album ».
La suite n’est, heureusement, pas toujours du même tonneau. L’intro de You Want History et sa rythmique rebondissante sont assez convaincantes pour donner envie de hocher la tête. La batterie légèrement syncopés aux roulements bien ajustés de Can’t Say What I Mean invite au déhanchement. Quelques pincées de Strokes (sur Good Days Bad Days, notamment) et de Clash (auxquels Addicted to Drugs fait parfois penser) relèvent çà et là le goût de l’ensemble. Bref, Off With Their Heads n’est pas dénué de morceaux sympathiques. Mais ceux qui, sur le précédent disque du combo, avaient été séduits par la façon dont The Angry Mob faisait monter la sauce ou par l’entrain que suscitaient Heat Dies Down et Everything is Average Nowadays risquent d’y trouver à redire. Sans aller jusqu’à prétendre que Kaiser Chiefs ait inventé la poudre, force est de reconnaître qu’il savait la faire parler. Il livre aujourd’hui un pétard mouillé. Espérons qu’il laissera à sa prochaine livraison le temps de sécher.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |