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mercredi 15 avril 2015
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par Parano le 22 septembre 2011
Ça devait arriver. Nevermind, l’album culte d’une génération née sous X, a vingt ans, et les hommages pleuvent dans la presse musicale comme les grenouilles sur l’Egypte ancienne. Pour l’occasion, Universal (au fait que devient Jean-Marie Messier ?) se fend d’une édition Deluxe, voire Super Deluxe, et nous rappelle que la nostalgie a un prix : 100 euros le coffret 4 CD plus un DVD, de quoi faire planer n’importe quel fan rangé de la picouse. Tout y passe, les 12 titres remasterisés, les faces B, C, D, les démos Smart Studio, les répétitions du groupe, en sus du fameux concert de 1991 au Paramount Theater. J’en oublie surement.
L’industrie du disque, tombée aujourd’hui aux mains des Kids qui ont adoré MTV et Nirvana, se met au diapason du mouvement : Les prescripteurs subventionnés, courageusement appelés magazines rock, nous abreuvent de dossiers plus ou moins alléchants, torchés par des trentenaires généreux en lieux communs et autres clichés sur le destin de Kurt Cobain. Les dealers autorisés de la grande distribution déroulent le tapis rouge à la réédition, Amazon a même ouvert une boutique Nevermind sur son site.
Tout cela est très bien. Les râleurs ronchonnent, les impatients piaffent, les dubitatifs se tâtent, et tout ce petit monde s’envoie Smells Like Teen Spirit sur l’ipod en écrasant une larme bien réelle. Non, vraiment, rien à redire, d’ailleurs tout a été dit sur Nirvana. L’histoire du groupe a été longuement disséquée, les implications sociologiques clamées à longueur de livres. Sans parler du témoignage des petits gars qui avaient 18 ans en 1991.
On peut néanmoins tenter de justifier un article de plus dans la litanie en cours, en s’interrogeant sur l’héritage du groupe. Pas très original, mais hurler avec les mouettes, c’est parfois jubilatoire. Oublions l’aspect mercantile de l’histoire, et allons nous promener sur les marchés, dans nos belles provinces ou nos proches banlieues. Voyez l’étalage du mec qui vend les djembés, les lunettes de soleil et les bracelets de force. Là, entre le drapeau Bob Marley et le poster d’une star du catch, vous trouverez surement un tee shirt de Nirvana. Rendez-vous ensuite au concert hype d’une grande salle parisienne, celui où l’on croise l’avant-garde du rock alternatif et l’élite de notre presse musicale. Vous y verrez très certainement le même tee shirt (sauf que là il sera usé et délavé).
Nous venons de démontrer, avec un coût en CO2 réduit pour peu qu’on ait pris sa bicyclette, que Nirvana a suffisamment imprégné l’imaginaire collectif pour s’affranchir des genres, des modes, et des époques. Entre icône grunge ringarde et symbole persistant de la contre culture, Nirvana continue d’attirer un public de masse, sans clivage. Très peu de groupes partagent ce privilège, et, 20 ans après, Nevermind n’a toujours pas de successeur. Pléthore d’albums importants ont vu le jour, certains sans doute meilleurs, mais aucun n’a eu le pouvoir de renverser les codes établis de façon aussi soudaine, imprévisible et irréversible que ce disque.
Voilà pour l’exégèse.
Pour le coup de gueule, on pourra dénoncer en des termes vachement balèzes la récupération commerciale de tout phénomène culturel alternatif, et l’impossibilité d’échapper aux lois de l’entertainment.
Business is business.
Voilà au moins un principe que Nirvana n’aura pas changé.
Vos commentaires
# Le 22 septembre 2011 à 17:46, par Margaux En réponse à : Smells Like Nevermind
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