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mercredi 15 avril 2015
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par Brice Tollemer le 8 juillet 2008
1998. Pearl Jam livre en ce début d’année Yield, son cinquième album studio. Avec la sortie de No Code deux années plus tôt, le groupe a fait la purge. Une cure de silence et de calme qui a permis d’atténuer l’attention générale. Seattle n’est plus le centre du monde, Eddie Vedder et les siens aspirent enfin à une quiétude salvatrice. Et ils profitent ainsi de cette nouvelle tranquillité pour proposer un nouveau clip, le premier depuis six longues années.
C’est tout logiquement que Do The Evolution a été choisie. Tout d’abord car elle n’est pas un single du nouvel album, dans un souci d’éviter toute overdose commerciale. Mais surtout, peut-être parce qu’elle est en définitive une des plus grandes chansons de la formation de ces dix dernières années. Musicalement d’une part bien entendu. Mais également en ce qui concerne l’écriture. La théorie de l’évolution revue et corrigée par Pearl Jam, cela vaut le coup d’œil.
I’m ahead, I’m a manI’m the first mammal to wear pants,I’m at peace with my lustI can kill ’cause in God I trust,It’s evolution, baby
La primauté de l’homme en tant qu’espèce justifiée par le fait de porter un pantalon et le détournément de la devise américaine (In God We Trust) qui rend légitime le fait de tuer par la religion, deux éléments qui annoncent d’entrée la tonalité distanciée et ironique du texte écrit par Eddie Vedder. La voilà, l’évolution du genre humain. En tout cas, plus spécialement celle du peuple américain. Plus loin sont ainsi évoqués les ravages du cynisme propre à la spéculation boursière, notamment lors de la crise de 1929 (Buying stocks on the day of the crash), le gâchis de la conquête du territoire américain (This land is mine, this land is free, I’ll do what I want but irresponsibly) et, en corollaire, le génocide perpétré à l’encontre des premiers habitants de ce continent :
Those ignorant Indians got nothin’ on meNothin’, why ?Because... it’s evolution, baby !
La critique se fait encore plus violente dans la dénonciation de toute forme de pouvoir arbitraire avec le passage suivant :
I’m a thief, I’m a liarThere’s my church, I sing in the choir :Hallelujah, Hallelujah
D’autant plus que dans le clip réalisé par Todd McFarlane (auteur notamment du comic Spawn), apparaissent successivement à ce moment précis un juge (prononçant a priori une condamnation à mort), un dirigeant fasciste qui fait furieusement penser à Mussolini, un évêque et probablement un dirigeant chinois ou nord-coréen…
Il faut aussi souligner que la plupart des thèmes évoqués dans Yield proviennent du livre de l’auteur américain Daniel Quinn, Ishmael, une sorte d’essai philosophique, un dialogue socratique entre un homme et un gorille sur l’inanité du progrès humain et technologique. A cet égard, Daniel Quinn reconnaît lui-même que Do The Evolution est la chanson qui se rapproche le plus de l’expression de ses propres idées.
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