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mercredi 15 avril 2015
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par Fino le 24 avril 2006
paru en mars 2003 (Domino Records)
Alors que The White Stripes ont remis les combos et le blues au goût du jour, The Kills, duo beaucoup plus discret, joue les profils bas. Introvertis, mal à l’aise en public, VV (Alison Mosshart, voix et guitare) et Hotel (Jamie Hince, tout) ont pourtant la qualité ô combien rare aujourd’hui d’avoir un son propre à eux, tout en guitares rêches, en tension et en sensualité.
Une discrète percussion électronique ouvre l’inaugural Superstition. La guitare de Hotel est une lame de rasoir rouillée, qui taillade encore et encore, alors que la chaude voix de VV se fait lancinante. Le son est brut, aiguisé, d’une extraordinaire violence froide. Le duo fusionnel sur scène, faux couple dans la vie (les deux ont des conjoints qui paraît-il, comprennent leur proximité) livre ensuite Cat Claw, chef d’œuvre absolu de cette convergence électrique des deux membres du groupe. La suite de cet album d’une intensité rare est de la même douce nocivité. Plus on écoute la voix lassive de VV (Kissy Kissy) et le terrible jeu de guitare de son acolyte (Fried My Little Brain, court et délicieusement malsain), plus on ne peut que constater que ces deux se sont parfaitement trouvés.
Ainsi s’achève donc la première face sur le vinyle. La seconde lame débute par un court passage de VV parlant dans un dictaphone (Hand), avant que l’apocalypse ne reprenne (Hitched, et son effraynt "Keep on your mean side" répété inlassablement en chœurs). Nourris probablement au Velvet Underground, The Kills pourraient être la face obscure de The Raveonettes, tant leur atmosphère demeure désespérément sombre. Le ciel est noir, déchiré par des éclairs de guitare ; parfois il parvient à s’éclaircir pour prendre une teinte gris sombre inquiétante (Wait), mais guère plus réjouissante.
L’album s’achève sur une tempête. Les percussions de Fuck The People sonnent la charge, le déchaînement final. La tornade n’épargne rien, alors que Monkey 23 vient tenter d’apaiser ce qui peut l’être encore. S’il manquait une brise d’air frais au rock’n’roll, The Kills déclenchent une tornade avec leur premier album. Attention aux dégâts.
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