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par Brice Tollemer le 26 juin 2007
Environ douze mille personnes s’étaient massées au Wembley Arena de Londres pour assister à l’unique date britannique de la tournée européenne de Pearl Jam, version 2007. C’était par ailleurs le premier concert dans la capitale anglaise depuis sept ans. Le groupe n’a cependant rien à promouvoir, puisque son dernier album est sorti l’année dernière. Eddie Vedder et les siens ont juste envie de jouer. Et c’est une sacrée envie.
Ce sont les sympathiques Ecossais d’Idlewild qui sont chargés d’ouvrir le bal. Une bonne demi-heure rondement menée qui chauffe tranquillement la salle. Puis arrive Pearl Jam. D’emblée l’ambiance s’annonce chaude et enflammée. Les premières notes de Long Road résonnent dans les moindres recoins de l’Arena. Une entrée solennelle. La batterie de Matt Cameron est monstrueuse tant elle remue littéralement les tripes. La machine est activée. Et elle est bien huilée. Mais elle ne ronronne pas, loin s’en faut. Elle rugit de puissance et de passion. Car c’est de cela qu’il s’agit quand Pearl Jam est sur scène. Severed Hand est vraiment énergique et prouve s’il en était encore besoin la très bonne qualité du dernier album studio. Viennent ensuite la trop rare Grievance, l’explosive Comatose et Given To Fly clôt cette entrée en matière vigoureuse. Le public répond d’emblée présent. Tout comme le groupe, dont on oublie souvent la moyenne d’âge de ses membres (un peu plus de quarante ans, et qui sont dorénavant presque tous pères de famille) tant la vivacité et l’envie de jouer sont véritablement prenantes. Tout le monde reprend (un peu) son souffle avec Low Light, avant un I Got ID toujours aussi poignant. Ensuite, selon les termes de Vedder lui-même, surgit l’argent, avec Green Disease, la religion avec Marker In The Sand, la mort avec Immortality et l’espoir, enfin, avec Down. Marker In The Sand a une patate incroyable avec un riff introductif de folie. Quant à Immortality, c’est toujours un événement de l’avoir en concert.
La fin du set est une merveille du genre. Le public reprend en cœur Present Tense. Et chavire de bonheur avec l’enchaînement State Of Love And Trust, Why Go, Save You et l’inusable Porch, avec son final insatiable. L’atmosphère qui accompagne les concerts de Pearl Jam est vraiment particulière. Avec un public de connaisseurs et un répertoire de plus de trois cent titres, les shows possèdent la plupart du temps une saveur sensiblement atypique, où l’on est certain que quelque chose va arriver sans savoir vraiment quoi. Chaque chanson, pour telle ou telle raison, provoque une émotion qui lui est propre, du fait soit de sa rareté, soit de son origine ou de son originalité même. Crazy Mary est tout ça à la fois. Une composition emblématique du groupe. Mais qui n’est pourtant qu’une reprise de Victoria Williams... Les solo de Boom au clavier et de Mike McCready à la guitare s’entremêlent et se complètement merveilleusement. Un Do The Evolution toujours aussi efficace emmène tout le monde vers la fin du premier rappel avec Alive. Il est vrai qu’il y a quelques années Pearl Jam (ou peut-être plus exactement son chanteur) avait eu un peu de mal avec ce morceau, gêné aux entournures par le côté « tube » de l’affaire. Plus rien de tout ça aujourd’hui. Ce n’est plus un tube. C’est un hymne. Les paroles sont portées aux quatre coins de la salle et le solo de McCready illumine l’arène.
Le deuxième rappel prend lui une tournure plus « politique ». Vedder, qui compare Bush à un conducteur bourré et Blair à son passager qui veut rentrer sain et sauf chez lui, revient tout seul pour interpréter No More, une chanson qu’il a composée dans le cadre d’un documentaire Body Of War, consacré à un mutilé de la guerre en Irak. Ensuite, le plus naturellement du monde, le groupe se lance alors dans Bu$hleaguer. Et pour couronner le tout, il conclut avec World Wide Suicide, où l’interrogation « What does it mean when a war has taken over ? » est toujours aussi criante d’actualité. Il est alors temps de rallumer toutes les lumières, de reprendre un bon vieux Neil Young avec Rockin’in The Free World et de terminer enfin, après plus de vingt-cinq chansons et de deux heures de concert, avec un Indifference digne et confondant d’intimité. Après dix-sept ans de carrière et des millions d’albums vendus, Pearl Jam n’a pas perdu la main. Une fougue et une verve qui semblent se régénérer d’années en années, de tournées en tournées. Le tout sans se renier et sans se caricaturer. Du grand art. Définitivement.
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