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par Brice Tollemer le 15 novembre 2010
Pearl Jam fête ses vingt ans d’existence. Pour célébrer ça, faisons un retour sur vingt concerts mémorables du groupe. Ce cinquième chapitre nous emmène sur les bords de la Mystic River un soir de printemps 1994...
Ville : Boston, Massachusetts
Salle : Orpheum Theater
Première partie : Mudhoney
Spectateurs : 2700
Setlist : Oceans, Even Flow, Sonic Reducer, State of Love and Trust, Hard to Imagine, Immortality/(Hey Hey, My My), Go, Animal, Glorified G, Daughter/(Suck You Dry), Alone, Not for You, Better Man, Rats, Blood ; Release, Tremor Christ, Once, Fuckin’ Up, Dirty Frank, Yellow Ledbetter, Rearviewmirror, Elderly Woman, I’ve Got a Feeling
Le concert en streaming
"Dans les années cinquante ou soixante, déclarait Neil Young en 1995, le rock and roll était grand, mais seulement pour ceux qui s’en souciaient. Maintenant il est grand même pour des personnes qui s’en balancent. Ils ne peuvent donc pas le comprendre. Ils font juste des jugements à l’emporte-pièce sur des chanteurs sans savoir ce qui a fait que ces chanteurs soient si connus. Dans les années soixante, il y avait un vrai lien entre les artistes et le public. C’est plus difficile de le voir de nos jours à cause du pouvoir de l’image. Mais le pessimisme des groupes d’aujourd’hui fait que leur vision et leur attitude unifient leur génération, comme le "peace and love" avait unifié celle des sixties". Comme souvent, le Loner a raison. Le grunge est sans aucun doute le dernier mouvement rock à avoir considérablement marqué une génération toute entière. C’est pourquoi quand Kurt Cobain est retrouvé mort le 8 avril 1994 à Seattle, la planète s’arrête pendant un court instant de tourner.
Pour Pearl Jam, cela fait un certain temps que les choses ne tournent plus vraiment rond. « L’enregistrement de Vitalogy fut un peu tendu » résuma poliment Brendan O’Brien. Les rapports entre les différents membres deviennent plus délicats au cours de la production du troisième album, en raison d’un manque évident de communication. Et d’un changement de statut au sein de la formation : « Vitalogy fut le premier album où c’était Eddie qui prenait les décisions finales, explique Stone Gossard. Ce fut pour moi un disque très difficile à faire, car cela signifiait que je devais accepter une perte de contrôle ». Les difficultés s’ajoutent alors les unes aux autres : la place de Dave Abbruzesse au sein de Pearl Jam devient de plus en plus sujette à caution et Mike McCready commence sévèrement à lutter contre ses addictions à l’alcool et à l’héroïne.
Pourtant, malgré tous ces atermoiements, tous ces conflits, tous ces drames, c’est au cours de ces mois de mars et d’avril 1994 qu’ont peut-être eu lieu les meilleurs concerts de Pearl Jam. Toute cette rage et toute cette tension ont donné à ces prestations à la limite de la rupture un cachet épique. Il suffit par exemple d’écouter le live d’Atlanta du 3 avril retransmis à la radio (et conclu par un dj set d’Eddie Vedder passant des disques entre autres de Sonic Youth et de Daniel Johnston) pour s’en convaincre. Le concert donné à Boston ce 12 avril 1994 est de la même lignée. Celle des Grands. Dernière date d’une série de trois shows effectués dans la plus irlandaise des villes américaines, elle prend place à l’Orpheum Theater. Et c’est toute l’équipe qui accompagne le groupe en tournée (roadies etc…) qui s’est occupée de faire la setlist. Mark Arm de Mudhoney vient chanter sur Sonic Reducer. C’est la seconde fois qu’Immortality est jouée, avec des paroles qui différeront de la version finale. Plusieurs b-sides parcourent le set, tels Dirty Frank, Alone, Yellow Ledbetter (qui n’est pas encore à l’époque devenu le rituel de fin de concert) ou bien encore Hard To Imagine. I’ve Got a Feeling, qui clôt la soirée et qui ne sera pas interprétée pendant dix ans, dure plus de vingt minutes dans un jam improbable. Il n’en transparait rien ce soir-là mais Pearl Jam est dans une situation d’implosion permanente... Rien, exception faite d’une puissance rageuse. Le groupe n’emmène pas ses problèmes sur scène.
« Les médias ont essayé de diamétralement opposer Nirvana à Pearl Jam, comme quoi Nirvana serait dans le vrai et Pearl Jam une pâle copie commerciale, dira plus tard Steve Turner, le guitariste de Mudhoney. Même Cobain avait dit ça. Ce dont je me souviens vraiment, c’est à quel point la tournée avec Nirvana avait été horrible. Rien n’était organisé, tout le monde était malheureux, les membres de l’équipe étaient virés de ci de là, et on essayait de nous dire que nous ne pouvions avoir de bières en backstage parce qu’ils essayaient de faire une tournée « propre ». Nous nous disions alors que si jouer avec Nirvana ressemblait à ça, on pouvait s’attendre au pire avec Pearl Jam. Mais ce ne fut pas le cas. L’atmosphère était excellente. Nous adorions vraiment Nirvana mais dieu que le groupe vivait des moments très difficiles. Alors que l’ambiance autour de Pearl Jam était vraiment différente. Tout le monde était heureux et très agréable. Cela a vraiment changé ma perception de toute cette affaire. Ils avaient jusqu’à présent travaillé dur pour en arriver là et ils n’allaient pas prétendre qu’ils n’aimaient pas ça. Mais ils n’allaient pas non plus agir comme des putains de rock stars ».
(Thanx to FiveHorizons & PearlJamBootlegs)
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