Concerts
Adam Green

à l’Alhambra

Adam Green

Le 10 novembre 2008

par Vyvy le 25 novembre 2008

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Adam Green est un artiste un peu à part. Quel parcours en effet pour ce gigolo new-yorkais, allant de la scène low-fi/anti-folk - où chanter juste était (au mieux) incongru, à ces récentes productions où le monsieur se la joue crooner. On pourrait d’ailleurs bien s’amuser à étudier les ruptures/persistances dans la carrière de Green. Ruptures ? Assurément sa manière de chanter. Assurément aussi sa manière d’accompagner sa voix : il a mu(t)é sans beaucoup de problèmes de l’accompagnement "copains qui viennent faire un bœuf" à "quatuor à cordes" sur sa tournée de 2006. Continuité ? Une passion du déguisement, à la Robin des bois chez les Moldy Peaches, et plus récemment en travesti dans le clip de son single de 2008 Morning After Midnight. Le problème, en fait, d’Adam Green, c’est qu’on s’attend au changement. Et si son dernier album était une petite perle, il n’avait pourtant pas marqué une rupture conséquente. Non, ces derniers temps, l’impression prédominante était qu’Adam Green se bonifiait au lieu de se renouveler. Bon, de là à dire que c’était problématique, il y a un pas que l’on ne franchira pas : Green faisait très bien ce qu’il faisait. Dans son style New-Yorkais bonhomme, un peu plus rondouillard à chaque album, il essayait de percer ailleurs qu’en Allemagne, où il avait reçu il y a quelques années un accueil similaire à celui de la bande de Magdebourg dans notre cher pays.

Et puis vint le 10 novembre. Bon. L’histoire est très subjective, et il y a tout à penser que le choc du 10 novembre avait été ressenti par d’autres gens, ailleurs, avant cette date. Mais voilà, quand Adam Green rentra sur scène, un peu à la bourre (rien d’inquiétant jusque là) ce soir-là, une vague d’incrédulité étreint les premiers rangs. Hum. Adam ? Adam Green sautait dans tout les sens, ridicule de la tête aux pieds (slim violet, chaussures pointues argentées, veste en skaï rouge sur torse nu, et cheveux courts).

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Adam Green Choup ©

Une sorte de Doherty énergique. Très, très troublant. L’habit ne fait pas le moine, mais quand Adam Green se met à gueuler sur le micro car il aime pas ces micros avec ce genre de pieds car il y emmêle le fil, et de jeter le tout par dessus son épaule, on commence à regarder ses voisins avec un sourire crispé, dans une salle atrocement surchauffée par un manque visible d’aération. Mais qu’est ce qu’on fout là ???

Et pourtant, on y tenait à ce concert. On avait même tenu bon devant la première partie. Et pourtant, la première partie, ce n’était pas du haut vol. Dans le genre "j’ai un ukulélé et donc je me prends pour un musicien", on aurait du mal a faire pire que "Not So Frenchy" avec son Ukulélé, nommé Oscar pour Wilde, of course. Monsieur le Bobo égraine des mélodies à la Moldy Peaches pédantes (oh que c’est bon les oxymorons) et, des fois, se fait rejoindre par une jolie Lucie, par une charmante Madeleine.

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Not So Frenchy Choup©

Tout cela vole très bas - voire pas du tout -, et au-delà des compositions (du genre "even in bed I boogie woogie") dont seul la dernière, composée peu avant, sort agréablement du lot, les reprises au ukulélé (les Ramones, I Wanna Be Your Boyfriend, Daniel Johnston, Devil Town) arrachent un sourire un peu contrit. Adam, Adam, vite s’il-te-plaît.

Ahah. Ca nous apprendra à l’attendre. Le voilà qui essaye de chanter. C’est l’ouverture sur Emily. Qu’elle est bien cette chanson ma foi ! Mais Adam Green avec un micro mal réglé (on ne l’entend pas, et son guitariste s’échine à faire des signes à l’ingé son qui réagit trèèèès lentement) ne lui fait pas vraiment honneur. Green continue à faire le pitre. Il se poste sur les amplis et danse pour son public qui l’acclame. Youpi !

Un sentiment de pitié me traverse alors. Sur Festival Song, on ne l’entend pas plus. Dans les premiers rangs on en est à tendre l’oreille, alors derrière... Hollywood Bowl est tout autant à côté de la plaque. Mais, mais. Adam a plus d’un tour dans son sac, et tout sac d’os qu’il soit devenu, il reste que, quand il y met du sien, il chante très bien. Il se reprend graduellement. Le charme est un peu rompu, mais dans l’heure de set et quelque qui reste, Monsieur Vert va rafistoler sa crédibilité. Tombé de haut, il y grimpe avec détermination.

Il raconte des histoires à son public, qui visiblement mange dans sa main. On demande à ce qu’il se déshabille à gauche - ce à quoi il répond, exhibant son ventre "I would say you have unlimited belly access tonight", on lui déclare son amour à droite, et sur scène il se met enfin au boulot.

Car là est l’intérêt de ce concert. Adam Green n’est pas en train de promouvoir son dernier album, et c’est une setlist transversale qui va ainsi voir le jour. On aura même droit - impensable à part Dance With Me il y a quelques années - à des titres de son premier opus, homonyme en Europe : My Shadow Tags on Behind, et Can You See Me Now ? pour lesquelles il renvoit le band en coulisse sont des grands moments. Le succès bien tardif des Moldy Peaches via la B.O. de Juno rendrait-il le monsieur nostalgique ? On n’osait espérer de si "vieilles" chansons, et on ne peut qu’apprécier leur présence ce soir-là.

Entre deux chansons, Adam Green se déclare bisexuel et amoureux de Devendra Banhart. Hum, soit, si tu veux. Il insiste pourtant n’avoir pas assez bu pour chanter Leaky Flask qu’un lobby particulièrement insistant réclame. Mais Green cède, et ainsi, en lieu de Blue Bird, on a droit a un Leaky Flask d’anthologie. Le collage musical, Green y excelle, et Leaky Flask comme Gemstones en sont deux exemples géniaux.

Alors, au final, un concert en demi-teinte. Un début catastrophique. Une fin en apothéose sur des Chubby Princess et Novotel. Mais merde Adam, abandonne le skaï rouge. Nan vraiment, c’est moche.

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Adam Green Choup ©


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Setlist :
Emily
Festival Song
Hollywood Bowl
Jolly Good
Teddy Boys
Salty Candy
Dance With Me
Morning After Midnight
My Shadow Tags On Behind
Can You See Me Now ?
Friends Of Mine
It’s A Fine
Country Road
Broadcast Beach
I Wanna Die
Hey Dude
White Women
Pay The Toll
Nat King Cole
Carolina
Gemstones
Baby’s Gonna Die Tonight
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Leaky Flask
Cannot Get Sicker
Crackhouse Blues
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Mozarella Swastiskas
When A Pretty Face
Be My Man
Chubby Princess
Novotel
 
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PS : Un grand remerciement à Choup pour les photos !