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par Gilles Roland le 4 mai 2011
L’ancien Gunner ne se démonte pas et profite de la mise en sommeil par Slash de Velvet Revolver pour se montrer très prolifique. Alors que la France découvre Sick, le deuxième essai studio du projet Loaded, Duff déboule aux states avec The Taking, nouveau brulot en forme de retour aux sources.
Pour ceux qui débarquent, Duff n’est ni plus ni moins que l’un des plus fameux bassistes de la grande histoire du rock. Pas aussi zélé qu’un Flea ou qu’un Trujillo, Duff (aussi surnommé The King of Beer, ce qui, quand on rapproche son patronyme d’une célèbre marque de cervoise servie dans les Simpson, touche au sublime) a néanmoins imprimé de son doigté un instrument trop souvent relégué au second plan, notamment lors de ses années d’activité au sein du gang à Axl Rose, Guns N’ Roses. En effet, quel rockeur n’a pas en mémoire la sublime ligne de basse de Sweet Child Of Mine (par exemple) ?
Caution punk des Guns alors que les autres membres de la formation étaient plus influencés par la scène hard rock des années 70, Duff n’a jamais cessé de véhiculer une image destroy à travers une attitude je m’en foutiste assez magnifique. Pourtant, depuis son départ du groupe qui fit la fortune de son banquier, Duff avait disparu des écrans radars de la musique pour masses. Entre une carrière un peu plan-plan aux côtés de ses camarades Matt Sorum et Slash (respectivement batteur et guitariste des GNR) dans Velvet Revolver et quelques apparitions dans l’émission de télé-réalité « J’ai Épousé une Rock Star », où sa chère et tendre fait preuve d’une classe extraordinaire, le musicien se la jouait en toute discrétion. La sortie de deux nouveaux albums de son groupe Loaded arrive donc à point nommé pour faire le point sur le gus et illustre une boulimie de travail, il est vrai, passée sous silence chez nous.
Car le bonhomme au long cou (vous avez remarqué ?) n’a pas chômé depuis son départ des Guns en 1997. On l’a même aperçu aux côtés de son ancien patron, Axl Rose, sur scène à Londres en 2010 pour un petit bœuf sympatoche (et peut-être synonyme d’un rapprochement en vue d’une réunification). Pas rancunier, Duff a néanmoins pris les devants rapidement et s’est tissé un réseau de relations. Des relations qui l’ont amené à jouer dans Jane’s Addiction ou avec Izzy Stradlin, lui aussi ex-Guns, et qui font de McKagan un être profondément sympathique.
Chargé à bloc
Loaded donc, qui sillonnera les routes des festivals cet été avec un passage au HellFest, fort d’une poignée de disque représente une idée noble et craspec du punk à l’ancienne façon Iguane.
Sick (2009)
Il apparait difficile de dissocier les deux derniers albums de Loaded tant ils semblent affirmer ce même amour du punk. En cela, le premier morceau de Sick, également appelé Sick, fait plaisir à entendre. Retour aux glorieuses heures où Iggy et ses Stooges faisaient la pluie et le beau temps avec une structure simple et une agressivité non feinte, pour un titre accrocheur au possible. Une partition fédératrice qui évite l’esbroufe avec intelligence. Avec Sleaze Factory, le morceau suivant, les choses se calment mais démontrent d’une excellente faculté à composer des refrains catchy. Malheureusement, l’album ne se déroule pas tout le temps de la même manière.
L’appel de la pop facile est tenace et imprime bien des riffs à travers l’utilisation de gimmicks un peu maladroits qui ralentissent le tempo et atténuent l’image d’un type à qui on pourrait donner le perfecto sans confession. Pourtant, les doutes sur les bonnes intentions du gus n’ont pas leur place. Duff sait précieusement ce qu’il fait et se cale sur une stratégie déjà adoptée par Slash sur son album solo et par les Guns à leur époque : saupoudrer ici ou là ses compositions de petites touches douceâtres et fastoches à destination des radios et autres oreilles chastes.
Ainsi, les morceaux Flatline, IOU, Mother’s Day (mais si c’est pour sa maman ça passe non ?), No Shame ou encore Wasted Heart, éloignent un poil le spectre de la scène punk vintage évoquée avec Sick. Bien heureusement, les bombes que sont Forgive Me ou I See Through You durcissent le ton et confèrent à l’ensemble une tenue tout à fait honorable. Des fulgurances à l’image du premier titre éponyme qui ne sauront laisser les fans du gus indifférents et qui pourraient bien lui faire gagner de nouveaux adeptes parmi la jeune génération (mais pas en France vu la distribution limitée, bien sûr).
De plus, Duff autrefois raillé pour son chant, fait preuve ici d’une excellente tenue, tout à fait raccord avec les intentions du projet.
The Taking (2011)
Cela dit, qu’en est-il de The Taking, le dernier né de Loaded dispo en import ? Introduit par un riff en cascade du plus bel effet, il suit le même cahier des charges que son prédécesseur. Entre ballades typiques hard rock (We Win, Easier Lying) et montées en puissance (Your Name et son solo sauvage, Executioner’s Song au son bien lourd), l’album est, à n’en pas douter, celui d’un artiste entier qui ne cesse de brandir l’étendard d’une musique authentique car basée sur les bonnes vieilles recettes du genre.
Contrairement à son ami Slash qui semble ces derniers temps céder un peu facilement aux sirènes du commercial (cf le Superbowl avec les Black Eyed Peas, arg), Duff profite, peut-être malgré lui, d’une exposition plus confidentielle et peut donc se permettre de produire la musique qu’il aime. Une musique qui saura toucher ceux qui ont grandi avec les riffs des Guns N’ Roses mais qui s’avère également être une excellente alternative aux multiples projets sur-produits et prétentieux qui pullulent dans les bacs.
Avec Loaded, Duff fait donc le pont entre les générations électrifiées et réunit ceux qui ont vécu (et vivent encore) avec Alice in Chains, Pearl Jam, Black Flag, Rancid et bien d’autres du même acabit. Ces groupes qui ont offert au punk des ramifications nouvelles tout en ne cessant de prêter allégeance aux glorieux ancêtres. Une fougue à retrouver sur scène et qui justifie amplement le double achat de ses deux albums.
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