Concerts
Furia Sound Festival

Cergy-Pontoise

Furia Sound Festival

Le 1er juillet 2007

par Sylvain Golvet le 24 juillet 2007

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Cergy Pontoise a transformé pour la 11ème édition de ce Furia Sound Festival, sa base de loisirs en champ de bataille pour 3 jours de festivités musicales plutôt éclectiques. Doté d’une affiche assez alléchante, cet événement qui m’était pourtant encore inconnu avant cette année, a le mérite de lancer la saison des rassemblements de plein air, à défaut de lancer l’été (voir la météo de ce week end là pour de plus amples informations). Petite précision, je n’ai assisté qu’à la journée de dimanche, pour des raisons qui me sont propres (non mais, ça ne regarde que moi enfin !).

La sainte accréditation entre mes mains, je pouvais enfin profiter de tout ce qui m’avait été promis : champagne, filles, acclamations et tapis rouge. Triste désillusion que de constater que le pass n’empêche pas de faire la queue pour acheter des bières, refaire la queue pour l’évacuer et ne règle pas les problèmes digestifs liés à l’ingestion d’une tartiflette bien trop lourde pour être honnête. Mais maintenant que j’y pense, on ne m’avait d’ailleurs rien promis, si ce n’est le fait de profiter de plusieurs prestations de rock par des groupes dont la réputation n’est plus à faire. Et c’est finalement bien là l’essentiel. Je me dirige donc direct vers la scène 3 et vers ses occupants du moment, No One Is Innocent.

Les No One ont toujours été les Rage Against The Machine français, avec tout ce que cette remarque comporte de bons et de mauvais côtés. Moins puissants, moins inventifs, ils avaient le mérite d’avoir réinjecté une certaine dose de crédibilité dans le rock français, du moins le temps de deux albums plutôt honnêtes au sein de la scène fusion (aux côtés de Silmarils ou FFF). Malheureusement le récent come-back du chanteur Kmar reprenant à lui seul le nom du groupe en embauchant de nouveaux musiciens sonnait plutôt opportuniste en ces temps de « retour du rock » sur la FM. Ce qui nous donnait un Revolution.com moyennement emballant. Et ce qui fait qu’on les avait laissés en chemin.

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No One Is Innocent
©Lorène Lenoir

C’est donc une plutôt bonne surprise que de les recroiser dans le parc de Cergy Pontoise en ce dimanche après-midi. Le groupe est moins FM que redouté, les musiciens s’avèrent même plutôt efficaces avec un guitariste tranchant, se lâchant même sur quelques solos expensifs. Kmar se trouve être en bonne forme, tendue et explosive comme il faut, donnant une pêche indéniable à l’ensemble. Bien sûr, c’est dans les vieux morceaux qu’on fait les bonnes recettes, et la sauce s’avère plus goûteuse quand ils s’attaquent à Chile ou à Nomenklatura, au texte écrit par le peu fréquentable Maurice G. Dantec et tous deux en provenance directe du plutôt bon Utopia de 1997. Mieux, c’est leur premier tube La Peau qui, malgré le jeune âge du public (à moins que ce soit le notre qui commence à se faire avancé), fait sauter une bonne partie de la fosse sur ce titre de presque 15 ans (mes aïeux !). On regrettera juste l’absence d’un deuxième guitariste qui aurait donné à l’ensemble un son bien massif pour emmener le tout encore un niveau au-dessus.

En rejoignant la grande scène deux pensées viennent instantanément : la première c’est que sa disposition est idéale, en bas d’une petite colline, ce qui permet de bien voir où que l’on soit placé. La deuxième est qu’il va falloir patienter en compagnie de Superbus. Rien de tel pour se laisser aller à un petit roupillon ou flâner faire son shopping de t-shirt en attendant Sonic Youth.

Conférence de presse des Queens of the Stone Age ou concert de Sonic Youth ? Telle était le dilemme à ce moment-là de la journée. Le problème sera vite résolu par mon refus de rater Sonic Youth jouant Daydream Nation, comme lors de la plupart des concerts de leur tournée, en l’honneur des quasi-20 ans de cet album mythique.(pour vous convaincre, consultez cet article.)

C’est avec un grand sourire d’adolescent prêt à casser ses jouets que Thurston Moore entre en premier sur la grande scène, suivit par ses acolytes habituels et d’un « petit » nouveau en la personne de Mark Ibold, ex-Pavement, venu soutenir Kim à la basse et jouer certaines parties de guitare, choses que faisait Jim O’Rourke avant son départ à l’amiable. Petite déception quand retentissent les premières notes de Reena, issu de Rather Ripped. Non pas que le morceau soit mauvais, juste que la perspective d’assister en direct à l’exécution de Teenage Riot ou Kissability s’avérait réjouissante. Au lieu de ça, le groupe se concentrera plutôt sur leur répertoire récent, soit une grande majorité de morceaux du dernier album et de Sonic Nurse.

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Sonic Youth
©Duffman

En laissant de côté ce contretemps, on ne peut nier que Sonic Youth se réjouit d’être ici et aime toujours autant faire ce qu’il veut sur sa scène. Kim Gordon peut alors se mettre à danser en tournant sur elle-même dans un mouvement qu’on qualifiera d’élégance destroy. Mais le plus révélateur de l’âme du groupe réside dans la gestuelle réjouissante de Thurston Moore, triturant sa guitare jusqu’à plus soif, allant jusqu’à brandir une baguette de batterie au ciel, telle une menace adressée au public nombreux, pour ensuite l’abattre frénétiquement sur ses cordes de guitare. Lee Ranaldo s’approprie aussi quelques moments de gloire, via des morceaux où il chante comme Rats ou Paper Cut Exit. Comme toujours, ce spectacle serait un beau bordel si la batterie sèche et carrée de Steve Shelley n’était pas là pour cadrer le tout. D’autant qu’aujourd’hui, scène en plein air oblige, le mélange de guitares sonne particulièrement brouillon. On a le droit à de beaux moments tout de même via la montée explosive d’Incinerate, ou les retours en arrière de 100% ou Candle (Daydream Nation quand même). Ils finiront sur un très prenant Pink Steam, à la progression mélodique captivante jusqu’aux trois-quarts du morceau où le chant de Thurston arrive et y apporte un plus indéniable. Une sortie des plus classe. Mais ce serait partir dans une ambiance tout ce qui a de plus sérieuse, chose que Sonic Youth ne saurait admettre. En vieux punk, les quatre membres reviennent en formation serrée pour exécuter, et je ne voit pas d’autres mot, la ruade hardcore Eliminator Jr qui termine Daydream Nation. Cette consolation finale ne nous empêche pas de penser aux enfants de Kim et de Thurston, qu’on imagine sans peine dire à leur parents en sortant de scène « Maman, Papa, à quelle âge vous cesserez de faire les pitres ?! », se faisant sûrement répondre « Quand les Stones arrêteront. ».

Gros morceau de la journée et cerise sur le gâteau, voici l’heure des Queens Of The Stone Age. On soupçonne que le line-up actuel est plus rodé que lors du concert de l’Elysée Montmartre de début mai, d’autant que la veille ils assuraient le spectacle aux Eurockéennes. Il fallait juste espérer qu’ils n’aient tout donné là-bas et en aient gardé sous le coude. La musique de Qotsa passant par nature assez bien l’épreuve du concert de festival, avec plein air et public nombreux, l’appréhension n’avait pas lieu d’être. Pourtant Josh arrive en boitant mais avec le sourire. Ce qui ne l’empêche pas de lancer la sauce avec Regular John toujours aussi efficace.

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Queens Of The Stone Age
©Lorène Lenoir

C’est donc parti pour un show d’une heure quinze assez réjouissant. La jambe meurtrie de Josh ne l’empêchera pas de sortir son arme absolue, ce déhanché lascif qui magnifie son jeu de guitare. Les autres musiciens sont à l’aise tel Michael Schuman et sa chevelure virevoltante. On aura le droit à un Avon, puis à un Do It Again d’anthologie, avec le public répétant les « Hey » de ce génial morceau de pop musclée. Les titres d’Era Vulgaris prennent alors de leur consistance au milieu de l’ancien répertoire, notamment 3’s & 7’s à l’efficacité simple ou Into The Hollow preque émouvant. Quand à Battery Acid, toute sa méchanceté en est décuplée sous les coups de boutoirs de Joey Castillo.

Ce sont deux évènements plutôt drôles qui donneront à ce concert son caractère particulier. Le premier met en scène un participant improbable, Tony the Tiger alias le tigre de Frosties. Repéré dans la foule par Homme, le trublion déguisé se fera inviter sur scène, le temps d’une pose de photo avec le leader de Qotsa pouce levé. La grande classe. Puis quand au milieu de l’explosif Feel Good Hit of the Summer, trois malheureux jeunes hommes auront le malheur de jeter deux pauvres bonbons sur Josh, nous auront droit à une descente en règle. Sommés de monter sur scène, les insouciants se feront traiter de « Fucking omelette de fromage ! » (sic) pour se faire dégager illico presto après avoir essayé de faire les petits malins. "Don’t touch me fucker" répliquait Homme. La classe ultime et la preuve du professionnalisme de l’affaire étant que bien qu’éméché (il paraît en tout cas), le grand roux relance ses troupes au quart de tour pour finir le morceau en fanfare.
En des termes plus musicaux, le summum sera atteint par un Make It Wit Chu exquis, magiquement interrompu par une petite pluie d’une minute à peine et un No One Knows toujours démentiel. Même si la setlist officiel annonçait un final plus long, rien à jeter ici et tout à garder au fond de la mémoire.

Je passerais rapidement sur les petits digestifs que seront Asian Dub Foundation et les beaucoup trop reggae à mon goût Groundation, et je souhaite à ce sympathique festival de continuer son aventure. Si les autres jours étaient aussi bon, je pense que sa durée de vie est assurée, d’autant que son cadre très agréable et sa taille modérée en assure le succès. Rendez-vous en 2008, Furia Sound Festival !



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