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par Thibault le 29 juillet 2008
Paru le 7 décembre 1970 (Fantasy)
Parmi les six albums de Creedence Clearwater Revival dans sa formation initiale (les frères Fogerty, Stu Cook et Doug Clifford) il y en a souvent un quelque peu oublié, il s’agit du dernier de la série ; Pendulum. Il est vrai que l’enchaînement de trois albums exceptionnels (les excellents Green River, Willie and The Poor Boys et Cosmo’s Factory) lui fait de l’ombre, et que malgré tout, l’album ne présente plus des compositions aussi flamboyantes telles que l’étaient Ramble Tamble, Fortunate Son ou Run Through The Jungle. Toutefois Pendulum possède de réelles qualités, et s’il est moins fameux et moins bon que ses prédécesseurs, il mérite quand même que l’on s’attarde sur son cas. En effet cet album est à part dans la discographie de Creedence ; jusqu’ici la marque de fabrique du groupe était un rock nerveux, axé essentiellement sur les parties de guitare jouées par John et Tom Fogerty. On trouvait quelques fois d’autres instruments (du saxophone sur Travelin’ Band par exemple) mais rien de comparable à ce que l’on trouve sur Pendulum.
Ainsi Pendulum se démarque de ses prédécesseurs par deux principaux aspects ; des morceaux avec plus d’arrangements (orgue, saxophone, piano) et davantage de chansons calmes, presque mélancoliques, alors que les précédents opus offraient avant tout des morceaux de rock vifs et tranchants. Ces deux changements sont liés évidemment, les tempos moins rapides de chansons comme It’s Just A Thought, Have You Ever Seen the Rain ? ou (Wish I Could) Hideaway permettent à John Fogerty (le compositeur du groupe) de mettre en avant le piano ou l’orgue à la place de la guitare qui n’est gardée que pour un appui rythmique en retrait. Mais on retrouve cette volonté d’étoffer les compositions également sur des morceaux plus énergiques comme Molina ou l’on entend un solo de saxophone, Chameleon où ce sont l’orgue et le saxophone qui assurent la dynamique de la chanson ou encore le très réussi Born To Move avec des nappes d’orgues qui jouent autour du groove, un peu dans l’esprit du premier album de Santana. Au final seuls Pagan Baby et le single Hey Tonight (qui atteint le top 10 des ventes en 1971) conservent les guitares nerveuses sans aucun autres instruments que les classiques basse / guitare / batterie.
L’expression de cette volonté de sortir d’une formule atteint son maximum sur le morceau Rude Awakening #2 qui conclut le disque. Sur ce morceau (de très loin le plus mauvais d’ailleurs…) le groupe expérimente tout ce qui lui passe par la tête : sons aigus, harmonica, flûtes, percussions, cuivres déformés, orgues trafiqués… tout y passe dans un grand n’importe quoi et à défaut d’être concluant cela témoigne de l’envie de changement du groupe. Enfin du groupe, plutôt de l’envie de John Fogerty, en effet celui-ci se comporte désormais de façon très autoritaire vis-à-vis des autres membres. Cela avait déjà quelque peu commencé pendant l’enregistrement du précédent album mais cette fois il impose ce qu’il veut aux autres et décide de l’entière direction du disque (il joue tous les instruments à l’exception de la basse et de la batterie). Ce qui exaspère son frère Tom qui claque plusieurs fois la porte du studio. Il quitte définitivement le groupe en février 1971. Le groupe ne survivra pas à son départ puisque après un dernier album bien terne et la tournée qui suit (Mardi Gras, sorti en 1972), Creedence Clearwater Revival se dissout en octobre 1972 et John Fogerty commence une carrière solo. A ce titre on peut considérer Pendulum comme le dernier véritable album du groupe. En fait celui-ci gagne en nuance ce qu’il perd en efficacité immédiate et il mérite d’être redécouvert pour de très bons morceaux comme Born To Move, (Wish I Could) Hideaway ou Have You Ever Seen the Rain ? (qui rappelle Who’ll Stop The Rain de Cosmo’s Factory) qui figurent parmi les belles réussites de Creedence.
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