Portraits
Story Leonard Cohen, Part Four

Story Leonard Cohen, Part Four

par Vyvy le 15 juillet 2008

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Résurrection

« A quoi peut-on attribuer votre résurrection ? »
« Je ne sais vraiment pas » sourit-il, en servant sa merveilleuse concoction épicée sur l’assiette « Peut être qu’une nouvelle génération a repris le flambeau. Il y a toujours ce genre de personne quelque part, je suppose. Et puis, j’ai toujours eu l’impression que ces chansons n’étaient pas déjà mortes. J’aime bien dire que mes chansons durent autant qu’une Volvo – en gros 30 ans »

Interview de Leonard Cohen, par Adrian Deevoy, The Q Magazine, 1991

Avec le début des années 90, la résurrection du sieur Cohen bat son plein. Cette nouvelle génération qui reprend le flambeau, ce sont les Pixies, les Nick Cave et autres John Cale ou Lloyd Cole. L’underground se réveille, et lance à Cohen un grand « merci » discographique, qui parait sous les traits d’ I’m Your Fan en 1991. La genèse de cette œuvre très sympathique est française, venant de cette secte de cohenophiles que sont les Inrockuptibles. L’éditorialiste Christian Fevret avait proposé le projet à Cohen, qui, bien que dubitatif (il n’est pas du genre à imaginer que d’autres veuillent reprendre ses chansons) lui avait donné son feu vert. Mais voilà, le français a soit si bien fait son travail, soit capté une réelle envie de cette scène alternative, soit enfin un doux mélange de ces deux raisons, mais in fine, nous voici ainsi avec un autre tribute album, après celui de Jennifer Warnes en 1986. Cohen augmente alors sa collection d’albums de ce genre qui prendra par la suite des proportions très respectables.

Cet opus là est des plus intéressants. On y retrouve la fine fleur de cette nouvelle scène, qui, depuis la fin des années 80 redonnent goût et identité au rock. Et voilà qu’ils reprennent, eux qui sont vraiment dans le coup (même si ce coup est underground), quelqu’un qui ne fait pas vraiment du rock, et qui surtout n’a jamais su ni pu être membre d’un quelconque mouvement générationnel, arrivant trop tard, ou de trop loin, pour se fondre dans un groupe.

Le pire (ou le meilleur) c’est que cela sonne très très bien. Même des titres aussi mineurs que Don’t Go Home With Your Hard On, repris par David McComb et Adam Peters, retrouvent un semblant de crédibilité. Les reprises prennent souvent de larges libertés avec l’interprétation de l’artiste, et, d’une certaine manière, tant mieux. Elles offrent une relecture, un changement de cap, et permettent de toucher un public différent, l’amenant à aller découvrir, par lui-même, les originaux. Tout au long de la décennie, vont ainsi se poursuivre les reprises de Cohen, surprenant un peu plus à chaque fois l’heureux repris. Cet effort d’artistes de tout genres – Cohen sera même repris en flamenco, au coté de Lorca- va donner un beau boost à la carrière de notre Canadien, sa production artistique de ces années faisant le reste.

I’m Your Man date de 1988 et depuis beaucoup d’eau, entre autres chose, est passé sous les ponts. Des murs sont tombés, des illusions aussi. Cohen est au rendez-vous. Son opus de 1992, appelé The Future va se faire le reflet de quelques un des espoirs et de beaucoup de la désillusion ambiante.

I’ve Seen the Future It is Murder !

Give me back my broken night
my mirrored room, my secret life
it’s lonely here,
there’s no one left to torture
Give me absolute control
over every living soul
And lie beside me, baby,
that’s an order !
Give me crack and anal sex
Take the only tree that’s left
and stuff it up the hole
in your culture
Give me back the Berlin wall
give me Stalin and St Paul
I’ve seen the future, brother :
it is murder.

Ces vers, tirés de la chanson titre, sont on ne peu plus clairs sur l’état d’esprit de l’artiste : le canadien est peu enclin à chanter les louanges du nouveau monde, ce monde ou l’on annonce la fin de l’Histoire à tour de bras. Ce nouveau monde lui fait peur, et il voit en lui un monde moins centralisé, moins ordonné, plus prompt aux désordres et aux catastrophes. Le palmarès des années 1990, avec au moins deux génocides, ne sera pas sans lui donner raison. Le ton du reste de l’album est un peu moins sombre, mais toujours très réaliste et désabusé. Il chante ainsi dans Anthem un vers qui restera comme un de ses plus célèbres, et plus caractéristiques : « there’s a crack in everything, that’s how the lights get in » (« il y a une faille en toute chose, c’est ainsi que pénètre la lumière »). Cohen se pose en porte-à-faux de l’euphorie ambiance. On parle partout de démocratisation ? Cohen de même, mais lui, il annonce la venue de la démocratie… aux USA.

Musicalement, l’album est très divers. Les synthés à la I’m Your Man sont bien présents sur Democracy mais ils sont précédés d’une percussion très martiale ; tandis que la géniale Closing Time à des relents countrysant, et qu’ Always est très croonée.
Commercialement, c’est une grosse réussite. L’album est sans doute le plus abordable de la discographie de Cohen, sans toute fois être mainstream (il ne faut pas abuser non plus). Il se vend bien, et mieux encore, il se retrouve présent, avec 3 chansons, sur la bande originale du succès de 1994, Tueurs Nés, issue de la collaboration entre Quentin Tarantino et Oliver Stone. Cohen fait il semblerait, de l’or, et il se trouve au début des années 1990 au plus prêt des projecteurs que jamais…

En ceci, il est aidé par une des ses coproductrices sur The Future, la belle, blonde et hollywoodienne Rebecca de Mornay… Pour elle déjà, le passage de la genèse présentant Rebecca. Pour elle enfin, le cœur de notre canadien. La demoiselle est jeune – et il l’a remarqué pour la première fois en Angleterre dans la fin des années 60. Elle en avait 5, lui la trentaine. Leur relation débute au début des années 90, et continue pendant quelque temps, plus de trois ans, sans être marrée il le semble, par leurs 28 ans de différence. Mais de Mornay est une actrice, et à succès. Elle a percé dans Risky Business au côté de Tom Cruise avec lequel elle vivra un temps. Sa relation avec Cohen propulse celui-ci dans les pages people. Ils se fiancent même, mais en 1993 se séparent.

Cohen connait un remède, mainte fois éprouvé, contre le mal de cœur : une petite tournée. D’ailleurs, ça fait longtemps qu’il n’a pas pris la route, alors il ne faut pas se priver… Ainsi, 1993 voit le canadien reprendre son costume de ménestrel, et s’aventurer sur les routes du monde et de Navarre. Cette tournée de Cohen est remarquable : ce sera la dernière tournée du canadien avant celle qui se déroule en 2008-2009, au moment de l’écriture de cette Story. Ce sera aussi l’une des deux tournées, avec celle d’I’m Your Man de 1988 qui figurera sur l’album live, sobrement intitulé Cohen Live et qui sortira en 1994. Ses performances vocales lui apportent même un Juno de meilleur chanteur de l’année 1993. Cohen, ravi, déclare lors de la remise de ce prix canadien, que décidément, seulement dans son étrange patrie aurait-il pu, lui et sa « golden voice » remporter une telle récompense.


1993 est aussi l’année de la sortie de Stranger Music, un étrange recueil qui sonne un peu fin de carrière. Ce recueil est nouveau pour Cohen en son genre : il fait pour la première fois le pont entre le Cohen poète, écrivain, et le Cohen chanteur, compositeur. Il se construit à la manière d’une rétrospective exigeante, avec un peu de tout, et le choix du contenu va être très difficile pour Cohen qui s’en remettra, au début des 1990s aux soins de Nancy Bacal puis de Rebecca de Mornay pour l’aider à faire la part des choses, notamment entre les œuvres polies, ciselées, et celles qui respirent bruyamment et partent en tout sens. Au final, l’ensemble se présente sous une forme chronologique, avec des morceaux de ces livres et albums, mise en avant de manière inégale. Le recueil, publié après bien des atermoiements avec son nouvel éditeur (Jack McClelland ayant pris sa retraite, et jouant le rôle d’agent pour Cohen) est la plus extensive collection d’œuvres disponibles de Cohen à l’heure ou nombres de ses œuvres étaient épuisées. Stranger Music permet ainsi de donner accès à une nouvelle génération aux œuvres de Cohen, à le replacer dans son évolution et musicale et littéraire.

Cette époque voit aussi Cohen se pousser des racines. Plus de 10 ans après l’avoir acheté, il meuble (enfin !) sa maison de Los Angeles, localisée dans un quartier quelconque, pas très sur, et achète même, comble du luxe, quelques tapis. Il se déplace moins, notamment après que son avocat et agent Marty Machat, basé à New-York décède et ne soit remplacé par Kelley Lynch, qui s’installe elle à Los-Angeles. Cohen fait de plus en plus la route montant au Mont Baldy et au Roshi, dont il redevient, pour un temps, le secrétaire particulier. Il fait tellement cette route, qu’en 1994 il y devient résident, ne descendant que rarement sur L.A. Une nouvelle période s’ouvre pour Cohen : ses enfants sont grands, il est tranquille financièrement (la quasi-banqueroute pré-résurrection oubliée), il n’est pas dans une relation de longue durée. Il se sent libre, et choisi donc de s’en aller auprès du Roshi, et de se replonger dans l’écriture.

Le Moine aux Baskets

C’est à cette période-là que Cohen lâche « I don’t practice meditation anymore. I practice drinking. My Zen master gave up trying to instruct me in spiritual matters but he saw that I had a natural aptitude for drinking ». À savoir, dans la langue de Molière, « Je ne fait plus de méditation désormais. Je bois. Mon maitre zen a arrêté de m’instruire dans des matières spirituelles, mais il a vu que j’étais un buveur né ». A cette période là aussi qu’il fait la couverture de nos Inrocks nationaux, « entre ciel et terre », tout de noir monacal vêtu, avec une paire de Nike aux pieds. Ces deux petites anecdotes, allant au-delà de la coupe au bol et du côté « monastère », permettent de se rendre compte que Cohen ne cède ni à une de ces multiples religions d’opérettes, qui poussent aux US comme des ventres au McDo, ni enfin ne choisit entre son côté ascète et son côté Lucullus. Cohen aime les paradoxes, la vie au mont Baldy est en cela faite pour lui : des nuits courtes (monsieur n’est plus un couche-tard mais un lève-tôt), des heures consacrées à la méditation, d’autres heures au service des autres, et une qualité d’aliments et de boisson entrainant l’excès. Le paradoxe encore, car si il vit « retiré » du monde, il est en fait en contact constant avec ses compagnons et sort de l’enceinte quand bon lui semble, notamment pour organiser des soirées dans sa maison, auxquelles il invitera une fois un Gilles Tjordmann des Inrocks un peu ahuri. Non, décidément, Cohen n’est pas devenu mystique. Le Zen pour lui, c’est la volupté de l’austérité.

Loin du Mont Baldy la vie continue, et la vie de Cohen ces années-là, on l’a dit, c’est beaucoup, beaucoup de reprises. Et de très belles. En 1994, Hallelujah est reprise et sublimée par Jeff Buckley, tandis que Johnny Cash reprend dans ses American Recordings un Bird on a Wire majestueux. C’est l’année des 60 ans de Leonard, et cela se fête aussi par un livre. Take This Waltz est un travail d’analyse, de commentaires, et de messages d’appréciations de son œuvre : on y trouve des poèmes, des poètes (Dudek et Ginsberg…) et des musiciens (la femme qui l’a découvert, Judy Collins, l’homme qui l’a tué, Phil Spector, et celle qui l’a ressuscité, Jennifer Warnes). Les reprises continuent, et fort, lorsqu’en 1995 c’est toute la crème du mainstream un peu rock qui s’y met, en accouchant d’une nouvelle compilation : Tower of Songs.

Tower of Songs est très différent des précédentes reprises de Cohen. Peter Gabriel, Elton John et Bono sont de la partie. Cohen voit dans cette compile un effort pour amener ses œuvres dans le mainstream, et apprécie à ce titre ces reprises un peu chaloupées (Sting transforme ainsi Sister of Mercy en jig irlandaise, Bono se plante dans les paroles de Hallelujah…).

De retour sur le Mont Baldy, Cohen fait alors quelque chose d’extraordinaire : il se fait ordonné moine Zen, lui qui considère toujours sa religion comme judaïque. Ce chamboulement arrive en 1996 et met la scène musicalo-journalistique en émois. Ses chansons cartonnent et le voilà qui se fait nommer Jikan, soit le silencieux… Cohen va ainsi passer quelques années principalement dans le monastère, participant à toutes les corvées, à tout les zazen, à toute la douleur, dans laquelle il se trouve, se retrouve. Éprouvé, mais réconcilié avec lui-même, il est plus vieux que les autres disciples, raconte un journaliste, mais parait plus fort. Plus au fait aussi. Il est arrivé à un stade de sa vie ou il peut, plus que jamais, se permettre de faire ce qui lui plaît.

Et voilà qu’encore une fois, Cohen surprend et change de route.


Back On Boogie Street

Il surprend tout d’abord par sa manière d’être au Mont Baldy, et pourtant d’être là, dans la « vraie vie », à composer, écrire, agir. Cela il le fait au partir du milieu des années 80 par trois moyens, un enregistreur, une plume et un ordinateur. Cohen va ainsi composer, et chant et musique, et poème et prière au moyen des deux, voire des trois instruments. Le troisième, l’ordinateur, va occuper une place grandissante dans la galaxie cohenite. Armé de son fidèle Mac, le canadien va dessiner des illustrations pour son recueil qu’il couve (Book of Longing) ainsi que coloniser la toile, comme rarement un artiste l’a fait.

Cohen se révèle en effet un petit roi de l’internet. Pas tant pour le graphisme, ou l’astuce de son site, que par son utilisation originale et féconde du nouvel outil. Cohen sur internet, ca se joue, n’en déplaise sa maison de disque, non pas sur leonardcohen.com, mais sur les incroyables leonardcohenfiles.com. Ce site, crée par Jarkko Arjatsalo, un comptable finnois, est en activité depuis la fin de 1994. Sur lui sont regroupé photos, données sur tournées, interviews…et une masse de matériel introuvable ailleurs. Car Leonard, en trouvant ce site, a décidé de s’y associer, en y mettant des œuvres inédites (qui seront publiées pour la plus part dans Book of Longing) et même, au sujet de A Thousand Kisses Deep –le poème-, une mise à jour fréquente, pour permettre aux fans de voir l’évolution de l’œuvre, les retouches de l’artiste. Il y a rajouté des brouillons de chansons, des dessins, et se permet même parfois de visiter la Chatroom, remplie de cohenistes. Avec ce site, Cohen est assuré, qu’on ne l’oublie pas, et que ces fans se voient vite relayer les informations majeures, notamment en cas de manque de motivation (et soutien promotionnel) d’une certaine maison de disque. Et en 1997 (source http://www.leonardcohenfiles.com/saturdaynight.html) c’est via les files que Cohen annonce la sortie de son deuxième best of : More Best Of Leonard Cohen. Celui se veut comme un retour sur la carrière de Cohen depuis seulement 1988, sois deux albums studios et un live. L’album qui en sort, sans être mauvais est ainsi un peu dépourvu d’intérêt.

Ce que Leonard a en préparation est beaucoup plus intéressant : il prépare en effet Ten New Songs, qui paraitra en 2001. Cet album est le fruit de la collaboration entre Leonard et une de ses anciennes choristes, Sharon Robinson. Les pistes ont été pour la première fois enregistrées au Mont Baldy, avec juste la voix de Cohen et quelques idées d’instrumentation. Envoyées à Robinson, celle-ci rajoutait des chœurs, et devenue depuis productrice, parsemait de quelques instruments, pour donner des idées à Cohen. Oui mais lui, il aimait bien cette version de travail, toute simple, presque nue. Et c’est sous ses habits fort légers, mais si séduisants, que sort en 2001 Ten New Songs, sa première production originale depuis 1992 et son Future très peu enthousiaste.

Là ou The Future parlait beaucoup des autres, du monde, Ten New Songs est un retour au soi, et aux chansons sur l’homme. On a un peu oublié le Leonard, et revenir avec cet album intimiste, alors que le grand âge approche, n’est pas la meilleure manière de vendre. Pourtant, il fut premier au Danemark, et fit platine au Canada. Cohen n’est pas finit. Il le rappelle cette même année en publiant un live génial, celui de cette grande tournée de 1979 (post- Recent Songs). Field Commander Cohen : tour of 1979 est un petit bijou dans laquelle la voix de Cohen n’a jamais mieux sonnée. Enfin, en 2002, the Essential Leonard Cohen, Best-of pas mal ficelé sort...

Tout se passe trop bien pour Cohen, qui a quitté son centre Zen en 1999, puis s’est aventuré un peu en Inde…Un sale coup va vite le mettre à genoux ; et il est encore, en 2008, entrain de s’en relever. En 1997 Cohen vends à Sony Music Corporation sa maison de production de disque, se faisant plusieurs millions de dollars dans l’affaire. Ces millions, il l’apprendra en 2004, vont être lentement mais surement détournés par Kelley Lynch, qui depuis le début des années 90 gère ses affaires. Au tournant 2004-2005, Cohen se réveille durement : il lui reste 150 000 $ sur son compte, et de Kelley, on ne sait plus rien. Depuis, Cohen a décidé, contrairement à son habitude, d’en parler, allant dans les médias. Après une bataille juridique où l’on accusa le spartiate Cohen d’avoir dilapidé son argent en caprice de starlette, Lynch est reconnue comme coupable, et lui devant 9,5 million de dollars. Oui, mais et Kelley et l’argent courent toujours, et Cohen n’espère pas les retrouver de sitôt. C’est ainsi qu’il se retrouve poussé sur la route, afin, au bel âge de 70 ans, de gagner sa croute.

Sur la Route (again)

En 2004 Cohen publie son dernier album en date, Dear Heather, ou sa voix sonne encore plus prophétique et envoutante que jamais. Cette fois-ci, s’il collabore encore avec Sharon Robinson, il collabore surtout avec Anjani Thomas, aussi ex-choriste, hawaïenne, et surtout nouvelle demoiselle à être liée romantiquement avec Leonard. A la production, au côté des deux demoiselles, on retrouve Henry Lewy, comme très souvent chez Cohen. La publicité pour l’album est des plus modiques, le bouche à oreille en étant la clé. Étonnamment, c’est l’album qui, depuis 1969, sera le mieux placé aux USA en termes de vente, faisant bien comme d’habitude au Canada. L’album ressemble beaucoup par endroit à de la poésie sur de la musique, le chant n’étant plus vraiment l’outil le plus performant de cet homme de 70 ans. Alors il dicte, il scande. Il délègue. Les chants féminins prennent une place encore plus importante, passant des chœurs au lead par moment, et Because Of, deuxième chanson de l’album, portrait de manière très juste les relations entre Leonard et les femmes.

Because of a few songs
Wherein I spoke of their mystery,
Women have been
Exceptionally kind
to my old age.
They make a secret place
In their busy lives
And they take me there.
They become naked
In their different ways
and they say,
"Look at me, Leonard
Look at me one last time."
Then they bend over the bed
And cover me up
Like a baby that is shivering.

Les finances de Cohen se renflouent un peu, et non que ce soit vraiment connecté, ses envies et opportunités font de même. Cette petite ébullition culmine en 2006.

Cette année là est une année Cohen. Il publie (enfin !) Book of Longing, premier recueil de nouveaux poèmes depuis Book of Mercy en 1984. On y retrouve des poèmes parus pour certains sur leonardcohenfiles.com, ainsi que les paroles des deux derniers albums, ce qui permet une intéressante comparaison entre Thousand Kisses Deep le poème, et la chanson du même titre. Pour parachever le tout, le recueil est magnifiquement orné de dessins (à l’ordinateur ou la main) de l’artiste. Mais Cohen ne fait pas que du texte, il produit aussi. Il produit Blue Alert, l’album de sa compagne à très jolie voix, Anjani. Les paroles sont de lui, les arrangements d’elle, et l’ensemble est d’une douceur sulfureuse. La voix jazzy, profonde et pourtant légère de la demoiselle donne un air (d)étonnant aux paroles de Cohen écrites pour l’occasion (et non écrite pour lui et qu’elle reprendrait). L’ensemble sonne complètement différent d’un album du sieur, ce qui n’empêche pas certaines chansons telles Thanks For the Dance de ressortir comme de très jolis objets.

Mais Cohen ne fait pas que du texte, ou de la production. Il fait aussi de la figuration, et de l’inspiration. C’est ainsi que Lian Ludson sort un film en 2006, intitulé Leonard Cohen : I’m Your Man. Cet étonnant document se fonde sur un concert hommage, ou une tribu de cohenistes s’est retrouvée pour chanter son amour et/ou admiration pour le Leonard. Ce concert, Came So Far For Beauty s’est déroulé dans l’opéra de Sydney en janvier 2005. On y suit les performances de Nick Cave, Bono et les Wainwrights etc., avec délectation (ou bien non, quand Martha Wainwright passe au chant), suivant les interludes-interviews avec Leonard avec le plus grand plaisir. Le film se finit sur Cohen chantant Tower Of Songs avec Bono (véridique), et indiquant qu’il repensait à prendre la route…

Chose dite, chose faite. Cohen est en ce moment en route. Son World Tour 2008-2009 s’est commencé un 11 mai au Canada, et finit, pour l’instant, en novembre à l’Olympia.



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