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Les Beatles sont sur iTunes...

Les Beatles sont sur iTunes...

John, Paul, George, Ringo et Steve

par Céline Bé le 30 novembre 2010

Est-ce que Wolverine est plus fort que Superman ? Batman que Capitaine Flamme ? Est-ce que les Beatles sont plus forts que le Père Noël ?

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Deux semaines après que Liverpool a débarqué en force sur iTunes, on retrouve 11 albums des Beatles dans le top 100 des ventes d’albums [1], au coude à coude avec une quinzaine de compilations de Noël. Et l’engouement s’est un peu tassé. Du côté du top 100 chansons, on ne retrouve que Here Comes The Sun et Let It Be. Au total, tout de même 2 millions de chansons et 450 000 albums vendus en deux semaines, aux prix les plus forts que propose la plate-forme (1,29 euro la chanson et 12,99 euros l’album). Pour comparaison, Led Zeppelin a vendu 300 000 chansons et 47 000 albums en trois ans de disponibilité au téléchargement.

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"Hey les mecs, George et moi on a des chansons au top 100 ! - On s’en fout, Paul, l’important c’est d’avoir ratatiné Led Zep et Susan Boyle."

Pour un groupe splité il y a 40 ans et à moitié mort, c’est assez glorieux. Pour Steve Jobs, c’est assez rentable. Assez. Le vrai gain pour Apple et son patron, c’est le prestige. Car Jobs est un fan déclaré. « Nous voulons devenir les Beatles de la micro-informatique » avait-il lancé dans sa jeunesse. Lors des présentations à la presse de ses iGadgets successifs, Jobs a par la suite continué de faire étalage de son amour. Le premier iPod révélé au monde passait ainsi Sgt. Pepper’s Lonely Heart Club Band en boucle. Alors, bon, combler le trou liverpuldien béant dans l’offre d’iTunes… c’était une question d’honneur.

Une question d’honneur en suspens depuis des années. Puisque Apple lorgnait les droits du plus grand groupe de tous les temps (si) depuis le lancement de son disquaire en ligne, en 2003. Le hic, c’est que les relations entre le géant de l’informatique et la famille Beatles étaient pourries depuis des années, bien avant le lancement d’iTunes, par un conflit de marque. Car en 1968, quand les Beatles étaient les rois du monde (si), ils avaient fondé leur propre maison de disques, qui s’appelait… – rappelons-nous les Granny Smiths des étiquettes centrales des 33 tours –… Apple ! Plus précisément, Apple Corps. Du coup, lorsqu’Apple Inc. est lancée dans la Silicon Valley, 8 ans plus tard, c’est la bagarre. Batailles juridiques après batailles juridiques, les deux pommes sont parvenues à un compromis. Depuis 1981, l’entreprise américaine a le droit d’utiliser nom et logo, mais s’engage à se tenir à l’écart de l’industrie musicale. La suite est connue. En 2001, Apple lance un lecteur MP3, l’iPod, qui révolutionne le secteur. Nouvelles batailles juridiques. Nouveau compromis, en 2007 : Jobs acquiert la pomme pour 230 millions d’euros. Il peut faire tout ce qu’il veut, y compris de la musique. Mais il ne dispose pas encore des droits des Quatre Fantastiques.

Ce qui s’est passé depuis reste mystérieux. On sait que Jobs a entamé tout de suite les négociations avec les ayant-droits – McCartney, Starr, Yoko Ono et Olivia Harrison. Depuis, les Beatles sont l’Arlésienne permanente d’iTunes. Encore en août dernier, la veuve Lennon conseillait aux fans de ne pas « retenir leur respiration en vain » (un coup à mourir bêtement). Qu’est-ce qui a changé la donne depuis ? Apple a sans doute mis le paquet – 360 millions d’euros, paraît-il. Car pour tirer les derniers gros sous du feu, c’est maintenant où jamais, puisque les droits d’exploitation de la musique du siècle (si) commenceront à tomber dans le domaine public dès 2012, les uns après les autres.

McCa se dit content de voir la musique des Beatles sur internet, Ringo fait une pirouette : « Je suis particulièrement content de ne plus avoir à répondre à la question de la date d’arrivée des Beatles sur iTunes », nous fait-il marrer. Jobs, de son côté, en fait des tonnes. La veille de l’entrée des fils prodigues dans les rangs de la modernité – le 16 novembre à 16 heures –, Apple annonçait une grande surprise. La communauté des nerds exultait déjà à l’idée que leur gourou lance enfin son propre service de streaming par abonnement, pour régler le problème Spotify. Les premiers commentaires sur Twitter ont révélé des jeunes émules d’Apple déçus : « Quoi ? C’est les Beatles, la grande nouveauté ? » – à parier que les millions d’albums vendus depuis ont plutôt trouvé acquéreurs parmi les anciens qui voulaient retrouver la musique de leurs microsillons sous forme digitale et qui n’avaient pas voulu investir dans les CD. Encore quinze jours après la grande première, les Beatles font toujours la une d’iTunes et le site promeut son édition limitée… de bon d’achats imprimés Beatles.



[1le 29.11.10 : Abbey Road n°15, White Album n°26, le Double rouge n°27, le Double Bleu n°29, Sgt. Pepper’s... n°33, la Box Set en n°38, Rubber Soul n°48, Revolver n° 68, Let It Be n°74, Magical Mystery Tour n°86, Hard Day’s Night n° 91

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Avec le revirement des Beatles, les rangs des réfractaires à iTunes s’éclaircissent drastiquement. Parmi les grands noms, seul AC/DC résiste, encore et toujours, à l’envahisseur. Car la méthode de vente du plus grand disquaire du monde ne satisfait pas les Australiens : « Nous ne faisons pas des singles, mais des albums », grogne régulièrement Angus Young.