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par Oh ! Deborah le 6 janvier 2009
Les années 80, c’est aussi et bien sûr le rock alternatif, sa multitude de musiciens qui continuaient, quoi qu’il arrive, à faire du rock’n’roll. Le mouvement avait ses pépites dorées : le Gun Club, les Fleshtones, X, les Johnnys, les Cramps... Parmi eux, un groupe encore plus alternatif et ultra rock, The Nomads. Le genre qui publie des singles qui déchirent à 500 copies. Ils nous viennent de Suède et ils ont la classe. Le chanteur, Nick Vahlberg, est fan de delta blues (notamment Robert Johnson), de garage (The Sonics, DMZ), de punk (MC5), de hard rock (Mötörhead), et son « héros » (rien que ça) s’appelle… Alex Chilton. Cultivant leur rock psyché trempé d’acides et d’ambiances psychobilly, les Nomads n’oublie pas d’avoir recours à un son sérieux, beau et surpuissant. Guitares électrisantes, voix mélodieuse, nasillarde, arrogante, enrobée d’échos, contribuant à l’envergure impérative de ces quatre nordistes dressant leurs ombres noires. Sur cette double compile voulue par les auteurs, leurs meilleures chansons.
Avec ses 42 extraits d’albums situés entre 1981 et 1993, Showdown ! offre un panoramique de la première carrière des Nomads dont il faut avant tout retenir le premier CD et sa vingtaine de morceaux démoniaques, à écouter à très haut volume. Ainsi, The Way (You Touch My Hand), Don’t Tread On Me et l’incroyable Knowledge Comes With Deaths Release (lovecraftienne selon le chanteur, mais surtout un éclair de génie), sont de véritables hymnes profitant des heures perdues de tout être humain en quête d’une démence sonore aussi mélodique qu’énergique. Une démarche pas hautement originale mais un son, indéniablement. Et des compos méchantes qui auraient été poussées au panthéon du rock garage dans les années 60. Les aperçus qu’on a ici des deux premiers mini-albums des Nomads nous séduisent, et on voudrait bien se les procurer afin de les chouchouter scrupuleusement comme des objets rares et confidentiels. Where The Wolf Bane Blooms et Temptation Plays Trouble, étaient alors sortis en 1983 et 1984, à l’occasion de la fondation du label français Closer qui signa des groupes cools comme les Thugs ou les Ramones.
En forme de bourdonnement continu, l’enchaînement Rat Fink A Boo-Boo – Real Gone Lover dont les guitares vrombissantes et tournoyantes raflent tout sur leur passage, n’a rien à envier aux trucs bien crades et jouissifs tels que Surfin’ In The Bars ou Swamp Gal. Guitares saturées, basses rampantes, du lourd. Mais aussi des arrangements et une ambiance globalement travaillés de façon artisanale, comme une bonne série b. Avec un single comme She Pays The Rent, clairement influencé par LE groupe punk Australien, les géniaux Saints, les Nomads délimitent leur univers. Non pour nous déplaire, une semi-ballade rythmée façon Suicide et chantée comme chez Jesus And Mary Chain rajoute à l’ambiance. Sur Beyond The Valley Of The Dolls on constate à quel point un solo joué par Johnny Thunders himself peut se détacher instantanément du reste.. D’ailleurs, pas mal d’autres têtes mal-pensantes et peu semblables aux mortels aiment les Nomads : Jeffrey Lee Pierce (du fabuleux Gun Club) et Peter Case (des fameux Plimsouls), ayant tout deux composé Call Off Your Dogs pour les Nomads. Mais aussi Thurston Moore (Sonic Youth), Jello Biafra (Dead Kennedys), Peter Zaremba (Fleshtones) ou encore les Ramones. En concert, c’est à chaque fois l’hystérie collective chez un public systématiquement conquis.
Le second CD, aux multiples lives et raretés, contentera le fan tout en offrant des reprises de qualité pour mieux cibler les préférences obscures de nos Suédois originaires de Stockholm : Real Cool Time des Stooges, The Next Big Thing des Dictators, Psycho et Boss Hoss des Sonics ou encore You’re Gonna Miss Me de Rocky Erickson. Que du bon. Avec le temps, les Nomads évolueront vers des tendances hard rock et sortiront leur Showdown 2 tout en restant ignorés par la presse. Cette compile, témoignant de la grande qualité de leur musique, est parfaite pour (re)visiter leurs débuts, avec, sur la pochette, les commentaires du chanteur et du producteur relatant l’histoire de chaque morceau [1]. L’existence d’un tel groupe fait toujours plaisir. Joyaux underground, psychotiques, des sacrés mecs, des vrais !
[1] De la bouche du producteur de la majeure partie des morceaux : « Cette compilation sonne bien, encore aujourd’hui. C’est un très bon document de la scène undergound Suèdoise, à ce moment précis et à cet endroit là. Il y avait alors beaucoup de groupes garage et je pense que les Nomads les ont tous influencé ».
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