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mercredi 15 avril 2015
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par Aurélien Noyer le 26 octobre 2010
Paru le 19 octobre 2010 (Columbia Records)
Sacré Dylan... Sa précente livraison des Bootleg Series sentait déjà un peu le faisandé, mais bon... c’était un peu dû à la période qu’elle couvrait... et puis elle permettait de boucler l’ensemble de sa carrière et de documenter la période 1989-2006 et de se confectionner une discographie alternative qui, malgré ses hauts et ses bas, se tient bien et peut présenter un intérêt même pour le non-initié.
Mais les Witmark Demos... des démos essentiellement interprétées suivant la classique configuration voix/guitare/harmonica de chansons dont les versions définitives seront interprétées suivant la même configuration. Quel intérêt ? Tout simplement, aucun. Ces démos qui couvrent la période 1962-1964, soit la période précédant le passage à l’électrique, n’apportent absolument rien. Les versions demos des titres déjà connus se distinguent à peine des versions albums (sauf peut-être une version voix/piano de When The Ship Comes In et de The Times They Are A-Changin’ dont des version jumelles étaient déjà présentes sur les Bootleg Series Vol. 1, 2 & 3). Quant aux titres inédits, inutile de chercher une révélation fascinante comme pouvait l’être Blind Willie McTell sur les Bootleg Series Vol. 1, 2 & 3. Ils ne témoignent que de la fascination de Dylan pour le folk traditionnel dans son acceptation la plus étroite... et autant dire que cet aspect-là de sa personnalité n’intéresse pas grand monde. J’imagine que c’est trop progressiste pour les puristes du folk en 78 tours (je vous renvoie au personnage incarné par Steve Buscemi dans l’adaptation de Ghost World)... et seuls les dylanomaniaques ultra-hardcore, s’ils ont échappé à l’asile, seront suffisamment pervers pour s’intéresser à des titres qui témoignent du manque de personnalité dont Dylan pouvait faire preuve quand il s’agissait de folk à l’ancienne.
Même d’un point de vue historique, ces Bootlegs Series ne documentent rien... alors qu’on pouvait espérer des chansons inachevées ou des versions transitoires qui témoigneraient de la recherche musicale de Dylan (car je refuse de considérer les versions voix/piano particulièrement crades et geignardes de Mama, You Been On My Mind, Mr Tambourine Man et I’ll Keep It With Mine comme ayant une réelle valeur), on n’a que des chansons achevées, prêtes à être enregistrées. Si vous voulez tout savoir, Dylan avait enregistré ces démos pour l’éditeur Witmark & Sons, qui était alors censé trouver des interprètes pour les chansons de Dylan comme c’était l’usage à l’époque. Voilà, on est bien avancé, n’est-ce pas ?
Alors, les cyniques diront que c’est un moyen comme un autre de recycler des fonds de tiroirs et de ramasser la thune sans effort. Les imbéciles heureux s’extasieront sur le fait de posséder l’intégralité de ces démos enregistrées supposemment légendaires, ou du moins vendues comme telles. Les snobs s’enorgueilliront d’avoir accès à des versions plus anciennes, donc forcément plus authentiques, de chansons ultra-connues. Quant aux honnêtes fans, on leur conseillera de passer leur chemin.
Pourtant, le Bootleg Series Vol. 6, un enregistrement live de 1964, montrait Dylan au sommet, maîtrisant parfaitement les titres de sa période pré-électrique, les chantant avec l’implication qui leur feront défaut sur la tournée 1965 et leur injectant une palette de nuances absente sur les versions studios. Il faut donc croire que cette période doit bien receler quelques pépites... mais étant donné le comportement musical particulièrement erratique de Dylan ces derniers temps (cf. Christmas In The Heart, son hallucinant album de Noël), bien malin celui qui pourra dire si on y aura un jour accès.
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