Portraits
Bob Dylan - Part II - Fucking Star System

Bob Dylan - Part II - Fucking Star System

par Giom, Milner le 11 septembre 2007

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"C’est que, sur leurs aigre guitares
Crispant la main des libertés
Ils nasillent des chants bizarres,
Nostalgiques et révoltés ;
"

Paul Verlaine

La folie électrique

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Mike Bloomfield

De retour de sa tournée triomphale en Angleterre, Dylan va alors commencer les sessions d’enregistrement de son sixième album. Il souhaite continuer dans cette veine électrique que le succès de Bringing It All Back Home a confortée. En juin 1965, il rejoint donc les studios de Columbia à New York et décide de s’entourer de nouveaux musiciens pour ces sessions. Il fait donc appel à Mike Bloomfield, excellent guitariste électrique qui tourne avec le Paul Butterfield Blues Band. L’organiste Al Kooper est également de la partie.

La première pépite à sortir de ces sessions est le single Like A Rolling Stone. Nous ne reviendrons pas sur ce morceau, véritable manifeste esthétique du nouveau Dylan, déjà étudié dans nos colonnes ici. Notons cependant que Dylan innove d’une façon supplémentaire en présentant un single qui occupe les deux faces d’un 45 tours ! Et c’est un tube ! Ce titre qui peut paraître une satire acerbe d’un type de caractère contemporain de l’environnement de Dylan trouve un écho chez le public américain et scrute le haut des charts. C’est donc plein d’entrain que Dylan retourne à Newport pour le festival annuel et décide de s’y produire avec un groupe. L’épisode de ce 25 juillet 1965 est connu : un son horrible, un public horrifié, des organisateurs de ce sommet national du folk old school estomaqués et le Dylan obligé de quitter la scène au bout de trois morceaux, pour finalement revenir avec une guitare acoustique et interpréter notamment It’s All Over Now Baby Blue, véritable déclaration d’adieu à ses premières amours folk et à son monde, il est vrai assez hermétique et réactionnaire. Selon Robert Shelton, Dylan est très marqué et blessé de l’incompréhension d’un public qui l’avait pourtant hissé au rang de nouvelle idole quelques années auparavant. Le pauvre n’est pas au bout de ses surprises et de ses peines...

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Highway 61 Revisited

L’album est en tout cas vite bouclé à New York peu de temps après Newport. Il sort fin août de cette année 1965, s’intitule Highway 61 Revisited, et se hisse à la troisième place des charts US, performance remarquable à la vue de la mutation artistique totale qu’est cette fois-ci en train d’accomplir le Zim. Dylan accouche en tout cas de neuf nouveaux morceaux d’une richesse incroyable et d’une modernité confondante qui seront analysés ailleurs.

Heureux de cet exercice de studio collectif où il semble avoir trouvé une nouvelle façon de respirer. Dylan décide de partir en tournée américaine accompagné d’un groupe. Problème, Bloomfield n’est par exemple pas disponible, pris par ses obligations avec la Paul Butterflied Blues Band. Al Kooper, lui, sera de la partie et pour compléter sa formation, Dylan se rapproche d’un groupe nommé The Hawks et en engage deux d’entre eux : le guitariste Robbie Robertson et le batteur Levon Helm. Le bassiste Harvey Brooks complètera cette équipe de choc qui s’apprête à affronter bien des intempéries.

Dylan exécute les concerts de cette tournée toujours de la même façon : une première partie acoustique et après l’entracte, le groupe et l’électricité surgissent. Comme à Newport, les fans de la première heure réagissent de façon virulente dans chaque ville où le groupe passe. C’est une véritable « bataille d’Hernani » à laquelle se livre Dylan sauf qu’il la répète chaque jour. Épuisés par tant d’hostilité, Brooks et Kooper quittent le navire et Dylan fait alors appel au reste des Hawks, groupe qui le suivra jusque au bout de sa nuit électrique, qui devient son groupe, l’unique, The Band. Les concerts s’enchaînent, 38 en cet automne 65, Dylan joue toujours plus fort pour répondre aux fans de folk déchaînés dans le public. Marlon Brando, connaissance de Dylan à cette époque, confiera alors : « Les deux choses les plus bruyantes que j’aie jamais entendues, c’est un train de marchandises déraillant et Bob Dylan et le Band. »

Tout va vraiment très vite dans la vie de Dylan à cette époque. Il rompt définitivement avec sa vie de bohème de Greenwich Village. Et malgré quelques aventures amoureuses rapides, dont une avec l’égérie warholienne Edie Sedwick qui lui inspirera plusieurs morceaux dont le fameux Just Like A Woman et le non moins bien nommé Leopard-Skin Pill-Box Hat, Dylan trouve même le temps de se marier avec une femme rencontrée à Woodstock, Sara Lownds qui attend déjà un premier enfant de lui, le futur Jesse. Certains savent ne pas perdre de temps... En plus de cela, Dylan travaille à l’écriture d’un livre, Tarantula, qui ne sortira que bien plus tard tant ce projet, signé sur un coup de tête, mettra du temps à sortir de l’esprit du musicien... Inutile de dire que l’artiste carbure à la drogue pour tenir ce rythme infernal, et les substances le rendent agressif et de plus en plus colérique.


Début 66, le groupe continue sa tournée en passant par l’Europe. Le décorum des concerts est constitué d’un grand drapeau américain devant lequel le groupe joue. Les britanniques qui avaient réservé un accueil plus que favorable à Dylan l’année suivante, l’agressent encore plus que ses compatriotes cette fois-ci. Un maître d’hôtel où loge Dylan l’injurie et l’accuse d’avoir trahi les idéaux du folk et va jusqu’à blesser l’un de ses gardes du corps avec un couteau ! Sur scène, les choses ne se passent pas beaucoup mieux comme en témoigne le célèbre bootleg The Royal Albert Hall Concert qui est en fait un enregistrement du concert donné à Manchester. Si la première partie du concert se fait sans heurts, Dylan y déclinant des titres acoustiques et les morceaux les plus « folk » de son nouveau répertoire (Visions Of Johanna, Desolation Row, Just Like A Woman). La seconde est en revanche apocalyptique. Avant le démarrage en trombe de Like A Rolling Stone, on entend un membre du public interpeller Dylan : « Judas ! ». Dylan réplique « I don’t believe you ! You’re a liar » et ordonne à son groupe de jouer « fuckin’ loud ». La version de Like A Rolling Stone qui suit est en effet dantesque et mérite l’écoute tant Dylan fait chanter sa chaire et son groupe le soutient d’un seul homme. Un véritable coup de force et une preuve de cohérence parfaite entre un artiste et ses musiciens à un moment de mise en danger artistique remarquable. Dylan déclarait à cette époque à propos du Band : « Mes chansons sont des images et le Band fabrique le son de ses images. ». Comme toujours, il n’avait pas tort.

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La pochette floue de Blonde on Blonde

Chose incroyable, un septième album de Dylan sort le 16 mai 1966. « Mais comment a-t-il trouvé le temps de l’enregistrer ? » vous demandez-vous à juste titre. Sachant qu’en plus ce Blonde On Blonde est le premier double album de l’histoire du rock, présentant plus d’une heure dix de musique. Dylan l’a en effet enregistré en parallèle de sa tournée en deux temps, une partie à New York avec les musiciens du Band et une autre à Nashville avec Al Kooper et d’autres musiciens de session. L’album est une nouvelle fois très bien accueilli, preuve, que le public de Dylan a changé mais qu’il reste très important. On a beaucoup écrit sur Blonde On Blonde, considéré par beaucoup comme l’œuvre majeure de Bob Dylan et qui conclut en effet brillamment la trilogie électrique de l’artiste. Cet album s’impose en tout cas comme une déclaration d’indépendance totale alors que ses anciens fans de la période folk lui reprochaient de s’être vendu aux sirènes commerciales du rock. Ici, tous les styles sont présents, traités avec une même aisance par le Zimm’. Pop, rock, folk et blues se côtoient en effet en une joyeuse euphorie musicale symbolisée par la musique de fanfare du titre d’ouverture, Rainy Day Woman #12 & 35, où le Zimm’ martèle l’adage suivant qui va marquer son époque : « Everybody must get stoned ». Lui l’était sûrement en permanence et produit une œuvre géniale où les innovations formelles ne manquent pas... Le titre final, Sad Eyed Lady Of The Lowlands occupe par exemple entièrement la seconde face du deuxième disque. La pochette a aussi de quoi étonner puisqu’elle montre un portrait de Dylan complètement flou où ne sont indiqués ni le titre de l’album, ni le nom de l’artiste. Voilà de beaux symboles d’indépendance artistique qui montrent également que Dylan n’est vraiment jamais là où on l’attend, mais qu’il ne disparaît jamais vraiment également. Le propre des grands artistes en somme. Concernant les textes, le côté surréaliste de Highway 61 Revisited disparaît légèrement et Dylan propose davantage une description impressionniste de son univers immédiat comme nous l’avons vu pour Just Like A Woman ou Leopard-Skin Pill-Box Hat qui se retrouvent sur cet album. Le très beau Visions Of Johanna pourrait également faire coïncider les images de Mona Lisa (revue ou pas par Duchamp) et de Joan Baez. Enfin, rien ne reste très simple à décrypter chez Dylan puisqu’un morceau pop comme I Want You conserve une grande part d’hermétisme entre appel probable à l’héroïne et évocations de personnages dylanesques sans doute métaphoriques. Une chose est sûre, cet album terminera un jour parmi la liste des incontournables de notre site, donc, inutile de se lancer dans une analyse titre par titre maintenant.

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Dylan fatigué !

« J’allais à une vitesse folle à l’époque de Blonde On Blonde ». On veut bien croire l’artiste surtout que sa tournée ne semble jamais s’arrêter et malgré les produits illicites, Dylan commence à fatiguer. Au concert parisien, Dylan est excédé par les réactions du public et lui balance : « J’ai autant envie que vous de rentrer chez moi. Vous n’auriez pas un journal à lire pour vous occuper. ». Dylan finit bien par rentrer chez lui à l’été 66 mais il apprend à son retour qu’une soixantaine de dates sont à nouveau programmées aux States pour promouvoir ce fameux Blonde On Blonde. Exténué, Dylan termine cette folle épopée de manière presque tragique le 25 juillet 1966. Alors qu’il fait de la moto dans les environs de Woodstock, Dylan est soudain aveuglé par le soleil. Pris de panique, il freine brusquement et passe par-dessus son véhicule. Heureusement sa femme le suivait en voiture et peut organiser le rapatriement de son mari chez lui pour qu’il soit soigné. Alors que les rumeurs persistent sur son état catastrophique, Dylan annule toutes les dates de concert à venir et reste à Woostock afin de se reposer de ces derniers mois éprouvants... pour un moment.


Retraite et nouveau renversement

La rumeur enfle donc, on pense que Dylan est au bord de la mort, que son état est végétatif. Pourtant, il n’en est rien, il se remet très vite de quelques vertèbres déplacées et reste tranquillement chez lui à Woodstock pour une convalescence qui au final l’arrange bien. Commence alors une période de tension avec Grossman qui va se terminer par une rupture peu de temps après cet accident et par des procès en séries jusqu’au décès du manager dans les années 80 tant Dylan a décidé de ne plus se laisser diriger et de prendre son destin en main. Or son destin, pour le moment, c’est sa famille et la quiétude qui va avec, malgré les fans qui continuent de l’importuner aux abords de sa résidence. Dylan réalisera quand même, par obligation de contrat envers Grossman, le rockumentaire, Eat The Document en collaboration avec D.A. Pennebaker, consacré à la tournée électrique de 66 mais sans grande motivation. Il entrecoupe volontairement des scènes de live avec des apparitions de fans le conspuant et affirmant son déclin artistique. En tout cas, pour combler le relatif manque d’activité de sa poule aux œufs d’or durant ce début d’année 67, Grossman, en bon commercial, fait sortir de la premier Greatest Hits de Dylan en mars qui bien sûr sera un succès énorme avec près de trois millions de copies écoulées.

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La fameuse maison rose !

Cependant, il ne faut pas croire que pendant cette retraite volontaire, Dylan a oublié la musique. Pas du tout, il continue de fréquenter le Band et enregistre de nouveaux morceaux dans la cave d’une maison peinte en rose que le groupe a baptisé The Big Pink. Dylan y accouche d’un nombre incroyable de morceaux à ce moment là, les enregistrent de façon totalement artisanale mais décide sciemment de ne rien sortir. Il fait même don de plusieurs de ses compositions à d’autres artistes qui font tous des tubes avec ce matériel gracieusement offert par celui qui reste une idole des jeunes. Too Much Of Nothing interprété par Peter Paul And Mary, You Ain’t Going Nowhere par les Byrds ou encore The Mighty Quinn par Manfred Mann rentreront tous dans les charts. Au même moment, de nombreux bootlegs pirates sortent de ces fameux morceaux que Dylan a joué dans cette cave avec le Band, dont le fameux Great White Wonder. Il faudra cependant attendre 1975 pour qu’un enregistrement officiel sorte relatant cette période, le bien-nommé, The Basement Tapes, où l’on voit à quel point l’éclectisme et la spontanéité sont de mise quant à l’exécution de ces nombreux morceaux. L’atmosphère qui ressort des morceaux est très chaleureuse, on sent également la véritable emprise du groupe et sa constitution en tant qu’entité propre à travers ces morceaux. C’est en effet à cette époque que The Band va commencer à voler de ses propres ailes en enregistrant son premier album, Music From The Big Pink. Cette période de la vie de Dylan semble en effet marquée par l’apaisement et la joie de retrouver une vie de musicien totalement libre, l’effacement volontaire de sa personne sur certains titres des Basement Tapes étant là pour le démontrer.

Or, si Dylan ne fait pas à ce moment là l’actualité officielle de « l’industrie musicale », il apparaît cependant par l’intermédiaire du cinéma puisque c’est à cette époque que sort le fameux documentaire Don’t Look Back réalisé également par D.A. Pennebaker au moment de la tournée européenne qui a suivi la sortie de Bringing It All Back Home. Le film montre un Dylan en pleine agitation et en pleine gloire ce qui contraste complètement avec son attitude du moment, très calme et en retrait de la fournaise médiatique.

Mais il ne sera pas dit que 1967 sera une année sans disque de Bob Dylan, elle sera juste une année avec un Dylan toujours plus décalé par rapport à la tendance générale qui est aux expérimentations pop des Beatles et au psychédélisme californien. Dylan se rapproche des racines de l’Amérique et entame un virage country qui va le mener jusqu’aux pires excès. Il quitte donc la maison rose du Band pour préparer son nouveau disque qui s’intitulera John Wesley Harding, sorti au moment des fêtes de fin d’année, et donc complètement contemporain par exemple du Their Satanic Majesties Request de The Rolling Stones. Vous voyez le décalage ! Voulant dans un premier temps s’entourer des Byrds pour réaliser ce disque, Dylan essuie un refus de leur manager. Il se tourne alors vers les musiciens de Nashville qui avaient été ses compagnons d’enregistrement sur Blonde On Blonde. John Wesley Harding

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L’album du virage country

est un disque de qualité dans un genre country-folk où finalement Dylan peut également exceller. On y trouve par exemple le célèbre All Along The Watchtower plus tard magnifié par Jimi Hendrix à un point que Dylan jouera parfois sur scène la version reprise par le voodoo child. Mais ce n’est pas tout, des titres comme The Ballad Of Frankie Lee And Judas Priest ou Dear Landlord sont également magnifiques. Les textes sont truffés de références bibliques qui correspondent à un regain d’intérêt de Dylan pour la culture juive dont il est issu et dont il se sent à cette époque profondément proche. Le disque se termine par une bluette intimiste, I’ll Be Your Baby Tonight, qui montre que oui, l’époque a de nouveau changé, elle n’est plus à la contestation, ni au surréalisme ébouriffé, c’est bien les racines qui intéressent maintenant Dylan et les thèmes intemporels que sont l’amour, la nature ou la religion. En tout cas, John Wesley Harding surprend son public, aussi bien les fans de folk que de rock. Le disque se vend cependant bien et continue à faire de Dylan une icône malgré son total retrait.


Retrait qu’il va se voir obliger de rompre pour revenir sur scène un soir de janvier 1968 au Carnegie Hall de New York. En effet, Woody Gulthrie est mort en 1967 et beaucoup d’artistes folk viennent lui rendre hommage le temps d’un soir... dont Dylan qui s’est fait bien sûr prier mais qui vient, accompagné du Band, reprendre quelques classiques de son parrain de jeunesse à la sauce électrique, ce qui évidemment ne plait pas au public composé en majorité de folkeux, mais maintenant, ils commencent à être habitués !

Dylan mène donc maintenant une vie rangée. Il est un père de famille comblé depuis la naissance de son troisième enfant avec Sara, le petit Samuel né en plein Summer Of Love. Il a même arrêté de fumer. Le renversement avec les années 65-66 est donc total et l’exploration de la country music continue de la passionner puisque Dylan se rapproche de plus en plus de Johnny Cash, allant même jusqu’à reprendre avec lui son fameux titre à la sauce country, The Girl From The North Country, qui ouvre sa nouvelle livraison d’avril 69, Nashville Skyline.

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Bob Dylan et Johnny Cash

Nashville justement, devient la nouvelle référence de Dylan qui participera même à l’émission de Cash, entouré à cette occasion de vieux countrymen avec qui il aurait presque pu prendre le thé avec un petit biscuit. Les temps changent vous disais-je. Nashville Skyline est un album honnête mais sans plus toujours plus roots dans lequel Dylan trouve quand même le moyen de placer un tube imparable, Lay Lady Lay, originellement destiné à la bande originale du film Macadam Cowboy de John Schlesinger, mais écrite trop tard pour y être. Reprise avec Cash donc, instrumental dans la plus pure tradition country avec Nashville Skyline Rag, tout y est, le sieur Dylan est un artiste country qui se veut résolument anti-commercial et le pire c’est qu’il continue à vendre des brouettes de disques à la jeunesse occidentale. Il pourrait faire du folklore le plus niais possible, ça marcherait sûrement...

Alors c’est ce qu’il fait. Il se lance dans un nouvel album avec la véritable résolution de se suicider commercialement. Il décide de faire des reprises, et pas les meilleures, comme celle de Gilbert Bécaud, ce Je T’Appartiens, qui devient l’insupportable Let It Be Me. Paul Simon a le droit à sa reprise également avec le non mieux réussi The Boxer. Les morceaux qu’enregistre Dylan sont résolument mièvres et disons-le, chiants. Le problème c’est que cela n’est pas à mettre sur le compte d’un manque d’inspiration mais sur une véritable volonté de se perdre dans le mauvais pour perdre tout le monde et ainsi son statut d’icône qui lui colle à la peau et enfin, pouvoir être un être humain, seul, avec ceux qu’il aime, sa femme et ses enfants.

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Le costard blanc de l’île de Wight

À l’été 69, Dylan stoppe ses sessions pour participer exceptionnellement au festival de l’Île de Wight en échange d’une très forte somme d’argent. Accompagné du Band et vêtu d’un costard blanc flambant neuf, il réalise une performance maussade devant une foule énorme. Il revisite ses tubes sans la moindre conviction et ne se souvient même plus des paroles de Like A Rolling Stone, un comble ! Dylan a en effet véritablement la tête ailleurs et le double album qui sort en juin 70 est horrible, une véritable catastrophe. Intitulé Selfportrait en raison d’un autoportrait de l’artiste au goût douteux qui se trouve sur la pochette, ce disque ne convaincra personne, même pas Dylan qui s’est complètement désintéressé du projet sur la fin, laissant les musiciens de session arranger les morceaux comme bon leur semblait. Dylan est déjà ailleurs puisqu’à la sortie de Selfportrait, il travaille déjà sur de nouveaux morceaux, sans aucune reprise cette fois-ci, ouf, l’avenir peut ainsi s’annoncer plus palpitant car le présent est en effet bien marécageux. Selfportrait ? Dylan est allé jusqu’à y inclure la version foireuse de Like A Rolling Stone de l’Île de Wight. Pour détruire un mythe, on ne fait pas mieux. Greil Marcus, le critique de Rolling Stone qui a toujours tout compris, aura le commentaire ultime à propos de ce disque dans sa colonne : « Qu’est-ce que c’est que cette merde ? ». On se le demande bien...


Nouvelle Renaissance

Heureusement, quatre mois plus tard, sort New Morning qui remonte le niveau amplement. Enfin, Dylan sort un disque qui semble sincère artistiquement. On y trouve même quelques perles dans des genres encore peu exploités par le Zimm’ comme le jazzy If Dogs Run Free ou le blues-rock proche de l’univers d’un Clapton, One More Weekend. Il y a également The Man In Me, qui sera utilisé bien plus tard par les frères Cohen pour la B.O. de leur film hilarant de 1998 The Big Lebowski. L’album est produit par le fidèle Al Kooper ce qui renforce l’authenticité de l’entreprise, tout en sachant que Dylan est revenu vivre à Greenwich Village, on peut vraiment s’attendre à une renaissance musicale totale de l’artiste. Finis les foutages de gueule pour larguer tout le monde !

Sauf que Dylan a encore des ennuis. Et ces ennuis s’appellent A.J. Weberman, un fan monomaniaque qui le harcèle à New York. Weberman va très loin. Il est persuadé que Dylan est encore un camé et il monte donc un Front de Libération de Bob Dylan, il fouille dans ses poubelles pour y trouver des preuves de sa dépendance. Au début, tout cela fait bien rire l’intéressé mais finit au bout de quelques temps, comme on le comprend, par le lasser. Un jour donc, Weberman, en pleine séance d’archéologie dans les déchets de la famille Dylan, reçoit une bonne raclée par son idole. Ce dont il se ventera bien sûr par la suite.

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A. J. Weberman fouille dans les poubelles

Mais Weberman va plus loin, il publie des ouvrages pirates de Dylan dont le fameux recueil Tarantula, livre de poésies d’inspiration beat, projet de Dylan depuis 1965. Outré par ce fait, Dylan finit par autoriser une publication officielle du recueil pour contrer l’entreprise de son « plus grand fan » (toujours se méfier des plus grands fans, n’est pas John ?). Le recueil fait un flop car en total décalage avec l’esthétique littéraire du moment. Les années beat sont bien loin maintenant, pour Dylan aussi d’ailleurs. Comme New York ne semble pas non plus être de tout repos pour lui et sa famille, Dylan, qui se dit toujours autant juif tant dans l’origine que dans l’âme, envisage un moment d’habiter Israël, mais le projet n’arrivera pas à terme.

En tout cas, il finit par remonter sur scène, le temps d’une soirée et en partie pour faire plaisir à son ami George Harrison qui s’investit à cette époque pour la cause du Bengladesh. Le 1er août 1971, Dylan interprète donc quelques titres à cette occasion. Cependant, l’époque n’est pas très fructueuse pour Dylan qui ne sort aucun disque en deux ans malgré une rapide période d’enregistrement en studio début 71. Son public aura le droit à un deuxième Greatest Hits à l’automne de cette même année, un carton bien sûr, et à un étonnant single cet été-là, une protest song, et oui, qui l’eut cru, George Jackson, où le Zimm’ retrouve la flamme pour s’insurger contre la mort de cet activiste noir.

Finalement, Dylan trouve une solution à ses problèmes d’habitation en rejoignant le Mexique à la fin de l’année 72. Il est en effet invité par le réalisateur Sam Peckinpah, à qui nous devons entre autres La Horde Sauvage, à jouer dans son nouveau western : Pat Garrett And Billy The Kid. Dylan y interprète un rôle de quasi-muet, celui d’Alias, personnage créé pour lui et ami de Billy The Kid qui lui est joué par une autre folk star, Kris Kristofferson. En plus de cette participation au tournage, Dylan se fend d’une B.O. presque totalement instrumentale où l’on retrouve tout de même deux chansons, dont une qui passera à la postérité, revisitée notamment par le groupe Guns N’ Roses, Knockin’ On Heaven’s Door. Le film sort l’année suivante et n’est pas très bien reçu. Il faut dire que le tournage avait été chaotique, la plupart des participants étant souvent ivres et le réalisateur lui-même assez perdu et lunatique. Pourtant, il ressortira avec un nouveau montage en 1988 et rentrera finalement dans l’histoire comme un des derniers bons westerns. La performance d’acteur de Dylan ne semble en tout cas pas avoir choqué à l’époque, il faut dire qu’il ne dit pas grand chose.


Dylan a entre-temps à nouveau changé de vie. Il habite maintenant la Californie et a signé sur un nouveau label, Asylum, tenu par le fameux David Geffen. Il a même eu le temps de composer un nouvel album pour lequel il sollicite le Band. De grandes choses en perspective... Mais Columbia ne l’entend pas de cette oreille et se venge en publiant cette année-là un nouveau disque de Dylan, Dylan, pas si nouveau que ça en fait, puisqu’il date de l’époque de Selfportrait et est uniquement composé de reprises (Presley, Joni Mitchell...). À l’époque, la maison de disque l’avait refusé, échaudée par la bouse précédente. Ce ne semble plus être le cas maintenant, on a les vengeances qu’on peut...

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Planet Waves : le retour aux affaires !

Parce qu’en tout cas, l’album pour Asylum qui sort en janvier 74, Planet Waves, avec le Band donc, est d’une toute autre facture. Il est même très bon et signe le retour d’une inspiration dylanienne. Le single-tube Forever Young mettra tout le monde d’accord mais il n’y a pas que ça car l’album dégage une atmosphère enivrante qu’on n’avait peut-être pas entendue depuis Blonde On Blonde. De On A Night Like This jusqu’à Wedding Song, rien ne semble à jeter sur le disque, ce qui, il faut bien l’avouer, n’était pas le cas depuis longtemps pour un disque de Bob Dylan. On retiendra surtout le morceau Dirge, fabuleux dialogue à trois voix entre voix justement, piano et une incroyable partie de guitare acoustique. Retour en forme donc, qui se traduit par un nouveau projet de tournée, la première véritable depuis 1966 ! Et avec le Band en plus ! Les Américains n’en reviennent pas et beaucoup se ruent sur les billets de cette quarantaine de dates prévues. Autant de dates où Dylan revisite son patrimoine le plus connu sans rechigner. Le Band joue même ses propres morceaux à l’occasion. Un triomphe, Dylan est peut-être à ce moment là à un sommet de sa popularité. Tout cela sera retransmis dans le double live Before The Flood, qui fera un carton, atteignant la septième place des charts US. Alors, ça y est, plénitude artistique atteinte pour Bob Dylan ?

Pas tant que ça, car le musicien ne s’en satisfait pas : « Je jouais un personnage sur cette tournée. Je jouais Bob Dylan. Les spectateurs étaient surtout là pour voir ce qu’ils avaient raté la fois précédente. » Éternel insatisfait, Dylan retombe dans une crise existentielle et va se réfugier seul à Greenwich Village (il a en plus à ce moment là des problèmes conjugaux à cause de probables infidélités envers Sara, mais comme on dit, cela ne nous regarde pas !). Il resigne chez Columbia mais plus rien ne semble l’intéresser. On le persuade de venir jouer avec d’autres vieilles gloires folk le 9 mai 1974 à l’occasion d’un concert en soutien au Chili pinochisé. Il y apparaît dans un état pathétique. Rien ne semble plus aller jusqu’à un coup du destin. Il s’inscrit à un cours de peinture, celui d’un professeur juif, Norman Raeben. C’est alors la révélation, dans ce cours, il n’est plus le grand Bob Dylan, il n’est qu’un élève parmi d’autres et Raeben lui redonne goût pour toute entreprise de création. Redynamisé par ces deux mois de cours, il repart en studio à partir de septembre 1974... vers de nouveaux sommets !


Le temps du grand cirque rock

1975 se trouvera être l’année d’un grand tournant pour l’artiste. Au début de l’année 1975, Bob Dylan publie le fameux Blood On The Tracks, un retour à une nette force créatrice qui faisait défaut dans ses dernières productions. Blood On The Tracks contient quelques-unes de ses plus belles chansons d’amour : You’re A Big Girl Now et Shelter From The Storm. De son statut particulier, l’album restera un plus indéniable pour les dylanophiles de la Terre entière. Au début du mois de juillet de la même année, paraît ce qui aurait pu s’apparenter à « l’Arlésienne » de Mr. Bob : Basement Tapes, le fameux double album. Fameux car cet album a toute une histoire, déjà fort ancienne dans la carrière musicale de l’ancien troubadour folk. Comme toujours avec Dylan, il a fait ce qu’on attendait le moins de lui. Contre toute espérance, le phénix flamboyant du passé renaît des cendres douillettes où il semblait avoir à jamais disparu, et en prime, le voilà qui déterre son passé le plus mythique. Rappelons une nouvelle fois les faits. En 1967, alors qu’à la suite de son accident de moto le Zimm’ a disparu de la circulation depuis près d’un an, il enregistre toute une série de nouvelles chansons en compagnie de The Band (ou The Hawks, tel était le nom de la formation à cette époque-là), dans la cave de la maison louée par certains membres du groupe près de Woodstock, Big Pink (visiblement entre juin et octobre d’après les notes de pochettes du disque). Les bandes ainsi enregistrées deviendront célèbres sous le nom de Basement Tapes (d’après l’expression même de Dylan) et serviront à faire un disque de démonstration (acétate) pour la maison d’édition qu’il a fondée, Dwarf Music. Plusieurs exemplaires de cet acétate ayant été envoyés à des interprètes éventuels (The Byrds, Manfred Mann, etc...), il y eut inévitablement des fuites et on le retrouva bientôt sous forme de disque pirate, baptisé Troubled Troubadour, Motorcycle ou Little White Wonder, tandis que des extraits en apparurent sur maints autres bootlegs.

Un peu plus tard, vers la fin de l’année (décidément faste pour Dylan), paraît en single son manifeste politique le plus important depuis ses débuts de reconnaissance, Hurricane. Ému par le raffut médiatique autour d’un supposé meurtre commis par le boxeur américain Hurricane Carter, Dylan lui rend une visite dans sa cellule et il devient évident pour lui que Carter est innocent. D’où cette chanson longue de huit minutes qui est une véritable prise de position politique : emprisonnements sous des pressions policières, procès avec un jury exclusivement blanc bref, une claire accusation de la justice de classe, bien loin du pseudo-titre protest qu’était George Jackson (sur la compilation Bob Dylan’s Greatest Hits Vol. II en 1971). Il retrouve ici le sens du classique instantané et Hurricane devint son plus gros tube depuis longtemps. À peine le titre commence à s’imposer à travers les radios du monde entier en cette fin d’année marquée par l’immense Bohemian Rhapsody de Queen que paraît presque simultanément son dix-huitième album, Desire. Le disque est publié au milieu d’une recrudescence de l’intérêt d’un tout nouveau public tout comme celui des vieux fans de la première heure. Il comporte des morceaux de très hautes volées mélodiques tels Isis ou Romance In Durango et est dans l’ensemble convaincant bien qu’il ne possède pas le charme irrésistible des deux autres productions parues en 1975. De plus, le succès venant, il lui sera reproché de monter des faits divers en épingle à travers ses textes (tels Hurricane ou Joey, évoquant un règlement de comptes entre gangs siciliens) en comparaison avec ses premières compositions quinze ans plus tôt où son inspiration venait de la rue. Pour beaucoup, Dylan apparaît comme une superstar enfermée dans sa tour d’ivoire qui ne se tient au courant des nouvelles du monde extérieur qu’au travers du Washington Post du coin...


Ce qui est finalement paradoxal puisque l’artiste avait entamé une série de concerts dans des petites salles, presque sans publicité préalable, avec toute une invraisemblable bande de copains, des vieux de la vieille (Joan Baez, Roger McGuinn, Jack Elliott, David Blue et bien d’autres) réunis sous l‘appellation « Rolling Thunder Review » . Les concerts sont très longs, la bande prend son pied à jouer ensemble, Allen Ginsberg se joint à eux, les places sont bon marché si bien que les journalistes et photographes s’en voient interdire l’accès. Bref, un retour aux petits clubs qui permet à la star de redescendre parmi les gens. Et puis la machine s’emballe, les médias s’en mêlent et la « Rolling Thunder Review » va se transformer sous l’impulsion du manager de Dylan en une espèce de Woodstock ambulant, qui se voit adjoindre d’autres vedettes (Neil Young, Steve Stills, Joni Mitchell, The Band), et en arrive à grand renfort de publicité à donner des concerts dans des stades de 20 000 ou 30 000 personnes. Au Texas, 60 000 personnes sont espérées un soir et Dylan entre dans une colère noire parce que ce chiffre n’est pas atteint ! De plus, ces concerts sont trop longs, Ginsberg agite ses clochettes, et ce qui était plaisant à observer dans les clubs devient insupportable dans de grands lieux. Et tout ça est supposé être joué au profit de la campagne pour Hurricane Carter, dans un espèce de délire qui va culminer au Madison Square Garden de New York, avec la présence de Muhammed Ali. Si bien qu’on ne sait pas si cet argent a vraiment servi la cause annoncée, un peu comme le Concert For Bangladesh de George Harrison, quelques années auparavant.

Si 1975 avait montré un net regain de forme chez le Zimm’, 1976 le verra bel et bien sombrer dans la machine commerciale qu’avait enfantée les concerts de la « Rolling Thunder Review » : un film et surtout un album live baptisé Hard Rain. Et quelle déception pour les fans de la première heure ! Car effectivement, quel peut bien être le but d’un tel disque, certes enregistré en public, mais rempli uniquement d’anciens morceaux mal joués et dans des versions en tout point inférieures aux originales ? Dans beaucoup de plages, Dylan chante faux, le groupe joue trop fort et n’importe comment, et dans les vieilles chansons, en particulier Memphis Blues Again (inversions de phrases et quelques lignes de plus ou de moins), on ressent comme l’impression que Dylan n’y croit pas, que ce manège médiatique autour de sa personne le déstabilise au plus haut point... En tout cas, c’est ce qu’il en ressort sur le film qui découle naturellement de la tournée de la « Rolling Thunder Review » : Dylan a fait écrire un livre sur cette tournée par un journaliste rock qu’il a payé pour ça, et il a mobilisé une équipe de cameramen et de preneurs de son pour filmer et enregistrer la tournée sous toutes ses coutures, en vue de produire un film de quatre heures paru en 1978, Renaldo & Clara.

Dans ce film, Dylan fait une réflexion sur sa carrière, à l’aide d’interviews de personnages clé comme Joan Baez ou David Blue. Se défendant d’avoir fait un film autobiographique, l’auteur semble avoir cherché à (se) prouver qu’il pouvait être aussi un cinéaste de talent, un peu de la même manière qu’il avait eu sa « tentative » littéraire en 1966 avec Tarantula. On se souvient de sa passion pour les surréalistes, notamment pour André Breton, qui pouvait être l’un des hommes les plus drôles mais les plus inconstants de la Terre. Il y a pourtant un mélange de naïveté et de vanité. L’erreur de Dylan fut de ne pas accepter le fait que réaliser un film était aussi un métier, et de vouloir prouver qu’il pouvait très bien le faire, sur un coup de génie. Il y avait sans doute également un manque de confiance quant à la valeur réelle du résultat final puisqu’on l’a vu multiplier les interviews et autres déclarations pour « expliquer » et présenter son film, ce qu’il a notoirement toujours refusé de faire pour ses chansons ! Force est de constater que le pari était osé et que le Zimm’ avait dans l’idée de capitaliser sur l’incroyable succès critique et commerciale de l’année 1975 et de remonter la pente, car la presse américaine commençait à descendre son film avant même qu’il soit sorti dans les salles, alors que Dylan avait investi un million et demi de dollars dedans ainsi que la distribution car suite aux premières critiques incendiaires, plus aucuns distributeurs n’en voulait. Dylan a donc achevé tant bien que mal la réalisation de son projet en le distribuant lui-même. Renaldo & Clara restera tout simplement un énorme fiasco commercial pour le barde folk. Ayant quasiment englouti toute sa fortune personnelle, il eut même essayé de faire pression sur les distributeurs de The Last Waltz (film de Martin Scorsese retraçant les adieux de The Band, où figure justement Dylan) pour en retarder la sortie, de peur qu’il compromette un éventuel succès de Renaldo & Clara.

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[1Sources :

Livres :

  • Dylan B., Chroniques (volume 1), Paris, Fayard, 2005.
  • Ducray F., Manœuvre P., Muller H., Vassal J., Dylan, Paris, Albin Michel, coll. « Rock & Folk », 1978.
  • Shepard S., Rolling Thunder : Sur La Route Avec Bob Dylan, Paris, Naïve, 2005.
  • Vanot S., Bob Dylan, Paris, Librio, coll. : « Musique », 2001.
  • Gill A., Bob Dylan 1962-69 : L’Intégrale Des Années 60, Paris, Hors Collection, 1999.
  • Shelton R., Bob Dylan : Sa Vie Et Sa Musique, Paris, Albin Michel, coll. « Rock & Folk » 1987.

Film :

Scorsese M., No Direction Home : Bob Dylan, Paramount Home Entertainment, 2005.

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